dimanche, mai 28, 2017

Méli-mélo : démoralisante moralisation

Le problème de la moralisation de la politique est simple : c'est une hénaurme connerie, possible uniquement parce que les politiciens ont compris que les Français sont cons comme des balais et en profitent dans les grandes largeurs. En effet, la moralisation n'est que le paravent de l'impuissance. Le sous-texte est : « Nous sommes bons à rien mais, au moins, reconnaissez que nous faisons des efforts pour être honnêtes ».

La politique n'est pas propre et il n'y a pas d'homme parfait. Puisque c'est illusoire comme un caprice d'enfants de tout vouloir en même temps, si on insiste sur le critère d'honnêteté, on perd sur le critère d'intelligence politique (je préfère écrire « intelligence politique » plutôt que « compétence » qui est un de ces termes manipulateurs, menteurs -il donne à croire que la politique est une question technique, ce qu'elle n'est pas, et favorise les techniciens genre Juppé ou Macron).

Les imbéciles me diront « Alors, tu préfères les politiciens malhonnêtes ? ». Ma réponse est « Oui. S'ils font la bonne politique pour la France. L'honnêteté est un critère secondaire qu'on applique quand les politiciens sont aussi mauvais les uns que les autres. Alors, quand ils sont nuls, je préfère prendre les plus honnêtes. Mais s'il y avait un bon, je ne le taquinerais pas trop sur son honnêteté ».

D'ailleurs, l'honnêteté d'Emmanuel Macron est plus que douteuse (affaire SFR par exemple) et cela n'a pas gêné ceux qui croyaient qu'il était le sauveur de la France.


«Plus de conflits d'intérêts mais des élus sans intérêt : moralisation et démoralisation »

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Car [cette idée] est un monstre, signe d'une totale confusion des esprits. La dite « moralisation de la vie publique » mélange en effet trois ordres bien distincts: le droit, la morale, la politique. Le droit, c'est la légalité, c'est-à-dire la conformité des actes à des règles écrites et publiques. La morale concerne les intentions, qui comptent certes, mais sont difficilement décryptables et toujours sujettes à interprétation. La politique, elle, vise le succès des actions. C'est, disait Machiavel, « la conquête et la conservation du pouvoir » ; à quoi l'on peut ajouter, si l'on est démocrate, en vue du salut public ou d'une amélioration de la vie commune. Le droit se juge sur actes et sur pièces ; la morale par l'examen de la volonté ; la politique par la qualité des résultats.

Un exemple: le mensonge n'est illégal que dans certains cas ; il peut être politiquement utile, voire nécessaire, mais il sera toujours moralement proscrit. Veut-on interdire le mensonge en politique ? Ou la ruse, ou la manipulation, ou le changement brutal d'alliance, ou le fait de considérer autrui comme un moyen et pas seulement comme une fin ? Bon courage…
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La moralisation de la vie politique ou l'américanisation de la France

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S'agit-il d'un basculement vers le modèle anglo-saxon ou scandinave ?

Oui, on abandonne une vision de la société dans laquelle les droits et les devoirs de l'individu ont pour une bonne part un caractère coutumier et sont largement déterminés par la place qu'il occupe dans la société. On passe à une vision conforme au modèle anglo-saxon selon laquelle les droits et les devoirs d'un individu sont définis par un ensemble de règles précisant de manière aussi peu équivoque que possible la frontière entre ce qui est permis et ce qui est défendu. Dans cette vision, c'est au juge qu'il revient de contraindre l'individu à rester dans le droit chemin.
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Moralisation de la vie politique: du danger de jouer les « chevaliers blancs »

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La politique peut-elle vraiment être «moralisée»? La loi est-elle le bon moyen pour le faire?

Je ne crois pas que cela soit possible. Tout d'abord, de façon probablement cynique, car je fais partie de ceux qui estiment qu'on ne peut user du pouvoir sans en abuser, parfois malgré soi. C'est inhérent à la condition humaine. Peut-on faire mieux que ce que l'on fait actuellement? Probablement. Mais, je suis aussi de ceux qui préfèrent en prendre acte et réfléchir aux contre-pouvoirs politiques, et non pas moraux. Avant d'engager beaucoup d'énergie pour tenter de moraliser la vie publique, la question que l'on devrait se poser est: Quelle utilité pour le bien commun ? Les français croient-ils que plus un homme politique est moral et plus il sera compétent ? Quelle blague ! Toute l'histoire de l'Occident prouve le contraire. D'autant que, où se situe la frontière entre le bien et le mal en politique ? Imaginer que nous soyons capables de tracer une telle frontière revient à soumettre le réalisme politique à l'idéologie. Je me méfie de cet enthousiasme en faveur d'une « République morale » ; j'y vois avant tout, comme j'ai déjà pu l'exprimer dans vos colonnes, une défaite du politique.
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André Bercoff : « La morale c'est comme la culture, moins on en a, plus on l'étale »

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Mais que se passe t-il ? Quels sont ces bruits fâcheux qui circulent, alors que le premier gouvernement du nouveau régime vient à peine d'être formé? Le même Canard qui avait triomphalement ouvert le Fillongate révèle que Richard Ferrand, l'âme de la campagne macronienne, le plus fidèle des grognards, avait contribué à l'enrichissement de son épouse sur le dos de mutualistes bretons, et rémunéré son fils, faute de trouver un non illettré dans sa région.Par ailleurs, à en croire les accusations de Corinne Lepage, le garde des Sceaux, spécialement chargé de rédiger le rapport sur la moralisation de la vie politique, aurait eu à Paris, pendant cinq ans, une secrétaire payée sur les fonds de la députée européenne Marielle de Sarnez, co-fondatrice du Modem et elle-même actuellement ministre. Tout ceci sans compter les vacances subventionnées d'Alain Tourret et les débordements oratoires de Marlène Chiappa. Cela fait beaucoup pour un Emmanuel Macron qui a fait de sa virginité politique une vertu et de son exigence éthique un étendard. De deux choses l'une : ou celui-ci est cohérent avec lui-même et vire ceux qui ont fauté, ou c'est business as usual dans la continuation de Hollande par les mêmes moyens. D'autant plus que les français attendent d'abord, de ceux qu'ils ont élus, tout bêtement, tout simplement, qu'ils fassent leur métier. Le chômage, la dette, la dépense publique, le terrorisme, l'immigration, les désertifications, les déficits:  point n'est besoin de continuer un inventaire des problèmes que tous connaissent et qui ne seront pas résolus, loin s'en faut, par l'absorption répétée et surmédiatisée de pilules de moraline à haute dose. Et rappelons à la cohorte des Tartuffe, adeptes, comme d'habitude des deux poids deux mesures que la morale c'est comme la culture : moins on en a, plus on l'étale. Les sermons, comme les serments, ne doivent plus être les alibis du sur-place. Il est minuit, docteur Macron.
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