lundi, mars 06, 2017

Le fond de Fillon

L’affaire Fillon n’est pas si anecdotique qu’il y paraît. Bien sûr, les faits reprochés à François Fillon sont par eux-mêmes anecdotiques (même s’il finit par être condamné, ce qui est très loin d’être certain), ceux qui poussent des hurlements de douleur et se déchirent la poitrine sont des comédiens. En revanche, ce qui n’est pas anecdotique, c’est de savoir qui est souverain : la collusion des juges, de la presse et des notables ou le peuple français ?

D’après Carl Schmitt, est souverain celui qui décide de la situation exceptionnelle. Pour moi, cela règle la question de l’avenir de François Fillon : si on est démocrate, on doit considérer que le seul habilité à juger François Fillon est le peuple français. C’est à lui de décider s’il veut faire une exception pour François Fillon ou non.

Le sauve-qui-peut autour de François Fillon, est hallucinant : cette fuite éperdue, sous la pression de juges, de sondages et de médias discrédités -le mot est faible, passe au premier abord pour une hallucination, tellement ce comportement est veule, lâche et mesquin. On se pince pour y croire. Et cette racaille veut être député, ministre ?

Bien malgré lui, Fillon se trumpise. Espérons pour lui qu'il saura le comprendre et l'assumer.

Le coup de pied de l’âne de Juppé nuira-t-il vraiment à un Fillon trumpisé ?

S'il y arrive, il aura autant de chances de l'emporter que Trump.

J'espère que vous goûterez comme moi les gazouillis de Jean-Marie Le Pen. Le menhir est en forme :



Quelques articles bien saignants :

1) Juppé s'est montré égal à lui même, c'est-à-dire un pauvre con, sans noblesse ni envergure, mesquin, rancunier un petit mec, ce qui est navrant à son âge (si Juppé a été un jour gaulliste, moi j'ai été indien guarani avec une plume dans le cul) :


« Des militants radicalisés » : le jour où Alain Juppé a cessé d'être gaulliste

*************
Alain Juppé sait qu'il n'incarne ni « l'exemplarité » ni le « renouvellement » qu'attendent les Français. «Il est trop tard», reconnaît-il. Il ne se présentera pas. Mais, au lieu d'appeler au rassemblement, à la cohésion, le voilà qui se livre à un dégommage en règle du candidat Fillon. Il pointe son « obstination » ; il critique «l'impasse» de sa stratégie de défense dénonçant un « prétendu complot » et un «assassinat politique» (ce que le principal intéressé a tempéré au Trocadéro) ; il lui reproche de n'avoir conservé derrière lui qu'un « noyau radicalisé » (!) des sympathisants LR. Bref, il dilapide la moitié de son intervention télévisée à carboniser l'image de François Fillon. Cette posture fait écho aux déclarations de Nicolas Sarkozy, qui propose une réunion dans l'urgence pour préparer une « voie de sortie digne ». Digne ? La dignité se logerait-elle de nos jours dans les trahisons en série, les revirements opportunistes, les sabotages perfides, les dérobades décomplexées ?

Ainsi en a décidé la meute. Coûte que coûte, elle torpille celui dont elle ne voulait pas et que personne n'avait vu venir, elle crache sur sa ténacité, elle prophétise son éviction du second tour en agitant le chiffon rouge du « fanatisme » du FN ou de « l'immaturité » de celui qui fut « l'instigateur de la politique économique » de François Hollande. En somme, si la droite perd, ce sera exclusivement la faute de Fillon. Chacun s'exonère en amont de sa part de responsabilités avant même les résultats du scrutin. Les bourgeonnements printaniers de la fausse vertu puisent leur engrais dans la couardise. Alain Juppé va jusqu'à caricaturer l'électorat du Trocadéro, qui ne serait donc qu'un vulgaire ramassis de réacs cathos. « Radicalisés ! » pour une foule calme qui agite des drapeaux tricolores ! Avec ce terme il a confirmé qu'il n'avait plus grand-chose d'un gaulliste.
*************


Gilles-William Goldnadel : « En France, la justice et les médias sont intouchables »

*************
Qui pourrait me montrer le texte légal qui proscrirait la critique du système judiciaire ou médiatique ou celle de certains juges ou journalistes ? Il est certes prohibé de jeter le discrédit sur une décision de justice particulière, et ce en termes méprisants. La dernière fois qu'il m'a été donné d'entendre critiquer un jugement, c'était M. Benoît Hamon qui y procédait, en des termes sévères, au micro de France Inter.

[…]

Qui pourrait m'indiquer pour quelles raisons morales, seuls les journalistes et les juges, pour qui n'existe déjà aucun véritable contre-pouvoir, et le système qui les régit, seraient incritiquables ou intouchables, à l'instar des vaches sacrées ?

[…]

On peut sans doute tout faire au peuple de France. Le désinformer, l'empêcher de se réformer, de défendre son identité, sa culture ou son intégrité. Fausser le jeu démocratique et judiciaire. Tout, sauf le droit de l'empêcher de dire qu'il n'est pas dupe de la duperie d'un procédé et de la duplicité d'un système.
*************


François Hollande, la droite et le FN : le retour du pompier-président-pyromane !

*************
Il est des grands classiques de la politicaillerie mitterrandiste qu'aucun dirigeant socialiste digne de ce nom n'entend négliger. Agiter l'épouvantail du FN après voir tout fait pour le voir monter est une de ces figures obligées, comme on en trouve en patinage artistique.

Sauf que la piste est de plus en plus glissante, les patins de plus en plus rouillés et le patineur de plus en plus fatigué. C'est donc en athlète en bout de course que François Hollande a mis pour la énième fois en garde les électeurs contre le danger que le ventre fécond accouche d'une bête immonde qui finira par naître vieillarde à force de voir sa mise au monde annoncée puis retardée.

[…]

On peut aller plus loin et se demander si Hollande, à la veille d'être congédié de l'Élysée, n'est pas secrètement tenté de jouer la tactique de la terre brûlée. À force de crier au loup, il signale à cette bête intelligente que la porte de la ville est dégarnie de défense et prépare les esprits des bourgeois à la voir arriver. C'est une sorte d'anticipation auto-réalisatrice sur fond de rouerie politicarde.

Mais il y a peut-être une autre explication. François Hollande est soupçonné d'aider Macron en sous-main. Le report des voix de droite « républicaine » sur le télévangéliste de l'oligarchie dans une deuxième tour face à Le Pen est moins qu'assuré. Si Fillon est sèchement éliminé, la fureur de son électorat pourrait le conduire à voter pour la candidate du Front national au second tour. Il ne faut pas oublier que la France est aujourd'hui majoritairement de droite, toute nuance confondue. Il suffirait donc que Marine Le Pen parvienne à adoucir son image et à assimiler Macron à Hollande pour que les sondages soient cruellement démentis, de la même manière qu'ils l'ont été aux États-Unis ou en Grande-Bretagne récemment.

Mais, ici aussi, François Hollande joue avec le feu. Plus il soutiendra Macron ouvertement, plus il fera partager la détestation populaire qui l'accable à ce successeur éventuel et quasi-fils spirituel.

En contribuant à faire battre Macron, François Hollande aura alors achevé en apothéose son entreprise de destruction de la Ve république et même de l'Union européenne. Et le tout en paraissant œuvrer pour le contraire !

Un vrai triomphe historique pour cet enfumeur-né …
*************








Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire