dimanche, mai 22, 2016

Les élites au coeur de notre perte d’influence

Les élites au coeur de notre perte d’influence

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Beaucoup, dans l’élite française, présentent cette perte d’influence comme une nécessité historique, une tendance inéluctable qu’ils choisissent d’accompagner allègrement. On retrouve ici le vieux discours selon lequel la France ne peut plus peser par elle-même, et qu’elle a besoin de l’Europe pour exister. Les mêmes oublient de dire que plus la France se repose sur l’Europe, moins elle y est influente.

La résignation des élites connaît aujourd’hui une sorte de montée en puissance. J’en prendrai pour preuve la nomination de Guillaume Duval au Conseil Economique et Social par le gouvernement, quelques semaines après la sortie de son livre intitulé: La France ne sera plus jamais une grande puissance? Tant mieux ! Pour qu’un gouvernement récompense ce genre d’écrit, c’est bien le signe que quelque chose ne fonctionne plus dans la caste des décideurs.

Même si personne ne l’avoue, tout le monde sait que le problème majeur de notre perte d’influence tient à cette prophétie auto-réalisatrice: la France perd son influence parce que les élites ont besoin de prouver que cette perte est inéluctable. Plus l’élite pense que la France est un pays fini, et plus le déclin s’accélère.

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Pour renouer avec une saine ambition internationale, la France doit avoir une explication de fond avec ceux qui colonisent aujourd’hui les postes de décision, et qui détestent rendre des comptes au citoyen. Je reprends ici l’analyse de la question turque comme illustration du mal inoculé par les élites françaises.

L’affirmation de la Turquie comme puissance régionale date des années 2000, et singulièrement de l’arrivée d’Erdogan au pouvoir. Pour décoder cette dynamique nouvelle, il faut accepter de franchir un certain nombre d’étapes intellectuelles. D’abord accepter de ne pas tout savoir, et spécialement accepter l’idée que le monde change et que la réalité de 2016 n’est pas celle qu’on nous a apprise à l’école (quelle qu’elle soit). Ensuite, il faut accepter de réformer ses conceptions et ses doctrines pour s’adapter au monde nouveau. Enfin, il faut être capable de miser sur des dynamiques nouvelles partout dans le monde.

Cette capacité d’adaptation est singulièrement ce qui manque le plus à l’élite française, obsédée par ses petits calculs à court terme, et effrayée à l’idée de perdre ses privilèges dans un monde qui change.

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Sur le fond, la France a besoin de changer ses paradigmes. Elle dispose d’un vivier capable de porter ce changement, mais la politisation excessive de la fonction publique conduit à préférer, aux postes de décision, des personnalités sans relief et soumises à des élus médiocres.

Cet état de fait n’est pas le produit du destin. Il résulte de la dégénérescence des institutions qui ont besoin d’un big bang pour permettre le sursaut français.
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