samedi, mars 14, 2015

La réforme placebo

La réforme placebo

Par Gaëtan De Capèle Publié le 13/03/2015 à 21:01

Les socialistes ont une conception de la réforme assez singulière. Pendant que la France dépérit sous le poids de ses déficits, de sa dette et de sa réglementation tentaculaire, ils s'attaquent à peu près à tout sauf à l'essentiel. Les professionnels de la santé, qui laisseront leurs traditionnelles rivalités de côté pour défiler en masse dimanche contre la loi Touraine, sont bien placés pour le savoir. Alors que l'urgence commanderait, par exemple, de réorganiser l'hôpital de fond en comble, la ministre emploie toute son énergie à décourager les médecins, priés de devenir à la fois les banquiers et les secrétaires de luxe du système de soins. Leur colère et leur désarroi rejoignent celles d'autres catégories de Français pris pour cible sans crier gare. Ces derniers mois, les notaires, les huissiers, les commissaires-priseurs et autres greffiers ont appris à leurs dépens que rien n'était plus urgent, en France, que de mettre leur profession sens dessus dessous. Eux qui pensaient faire partie de ces gens sans problème, ne comptant ni leur peine ni leurs heures et ne demandant rien à personne, ont été informés que l'organisation de leur activité nuisait gravement à la compétitivité du pays. On se pince…

Pendant qu'il inflige à quelques boucs émissaires ses réformes placebo, le gouvernement s'abstient soigneusement de toucher un cheveu de la seule profession qui vaille d'être profondément réformée: la fonction publique. La question n'est pas ici celle de la qualité - un grand nombre de fonctionnaires sont irréprochables - mais de la quantité. Alors que la France étouffe sous le poids d'une dépense publique qui engloutit 57 % de sa richesse et que la masse salariale représente près de la moitié de ce fardeau, la cohorte des agents publics n'en finit pas de s'allonger. Le tout pour un service public qui ne cesse de se dégrader. Là où les entreprises cherchent en permanence comment faire mieux avec moins pour gagner en agilité, l'administration entretient son obésité, qui la mène à la paralysie. Mais de cette réforme vitale, personne n'a jamais entendu parler…



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