samedi, janvier 17, 2015

Brague : «En France, on a le droit de tout dire, sauf ce qui fâche»

Comme d'habitude, Rémi Brague est excellent :

«En France, on a le droit de tout dire, sauf ce qui fâche»

Addendum :

Le passage important de Brague :

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Ceci dit [le passage en revue des violences des différentes religion], reste à se demander si l'on peut attribuer des actes de violence au fondateur d'une religion, à celui qui en reste le modèle et à son enseignement. Pour Jésus et Bouddha, on a du mal.

Or, malheureusement, nous avons les recueils de déclarations attribuées à Mahomet (le hadith) et ses biographies anciennes, et avant tout celle d'Ibn Ishaq-Ibn Hicham (vers 830). Il faut la lire et se méfier des adaptations romancées et édulcorées.

Or, ce qu'on y raconte comme hauts faits du Prophète et de ses compagnons ressemble beaucoup à ce que l'on a vu chez nous et à ce qui se passe à une bien plus grande échelle au Nigeria, sur le territoire de l'État islamique, ou ailleurs. Mahomet a en effet fait décapiter quelques centaines de prisonniers, torturer le trésorier d'une tribu juive vaincue pour lui faire avouer où est caché le magot (on pense au sort d'Ilan Halimi) et, ce qui ressemble fort à notre affaire, commandité les assassinats de trois chansonniers qui s'étaient moqués de lui.

Il ne sert de rien de répéter «contextualiser! contextualiser!»

Un crime reste un crime.
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Notre camarade Curmu a commis des commentaires que je remonte dans le billet pour le remercier de son abnégation  :


Curmudgeon :

Brague s'appuie sur une érudition plurilingue considérable. Il est capable de penser synthétiquement à partir de là, et pas simplement d'accumuler des détails sans aucune vue d'ensemble, comme on est conduit à le faire dans des minographies savantes spécialisées. Il est capable d'exprimer les choses comme il les voit, avec clarté et vigueur. Quand il se met dans le mode voulu, il peut s'adresser à des journalistes curieux dans un style tel que l'information sera parfaitement accessible à leurs lecteurs.

De plus, comme il est maintenant à la retraite, sa parole n'est pas soumise à des précautions professionnelles de confraternité ou de diplomatie. Dans les milieux universitaires des arabisants, on marche sur des œufs.

Mais comme il dit les choses nettement, il sera intéressant de voir s'il s'attire les foudres des ligues de vertu, des journalistes, des politiques, voire des universitaires. Si on essaie de lui mettre des bâtons dans les roues, ce sera un signe supplémentaire de la dégradation des libertés.


Curmudgeon :

Oui, ça nous change un peu de la bouillie habituelle.

Remarque. Comme Brague le dit très bien, les vies de Mahomet que le fidèle musulman va trouver par exemple dans les librairies musulmanes sont édulcorées au point de passer sous silence des épisodes horribles. Pour en avoir connaissance, il faut lire la Sira d'ibn Ishaq compactée par ibn Hisham. C'est une épreuve à lire. A ma connaissance, il n'y a pas de traduction française, mais je peux me tromper. Il existe en revanche une traduction anglaise par Guillaume.

Certains musulmans, la petite minorité savante qui a lu ibn Ishaq, gênés par ce que rapporte cet auteur, essaient une critique, renvoient vers d'autres sources moins embarrassantes, du moins un peu. Le problème, c'est que, vu l'ancienneté du texte d'ibn Ishaq, si on le recuse en partie, on se trouve devant le fait qu'on n'a plus de sira ancienne à présenter.

Le non-musulman qui lit ibn Ishaq, en couplage avec les hadiths, et, dans une mesure moindre, le Coran, ne peut pas, au regard de la morale commune dans le monde occidental, ou chinois, ou indien, se former une image positive de Mahomet, à moins de se mentir à soi-même.

On peut comprendre la polygamie, l'esclavage, parce que c'étaient des coutumes largement répandues dans l'ancien monde, mais la sauvagerie générale qui se dégage accuse un retard culturel, moral et spirituel impossible à nier par rapport à des conceptions et des pratiques pourtant très antérieures (par exemple Bouddha, Mahavira, Hillel l'Ancien, Jésus, Mani).



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