mardi, juin 24, 2014

La manipulation par les sondages

Une technique très courante de manipulation de l'opinion est la suivante (vous la connaissez tous, mais je ressens le besoin d'en décrire clairement la méthode) :

1) La classe jacassante pose un «débat de société», souvent en arguant d'«un vide juridique» qui, je vous le rappelle, ne peut pas exister (en réalité, on en est plutôt au trop-plein juridique).

Elle pose les termes du débat, de manière partiale et biaisée. Les «bons» exemples envahissent, comme par hasard, les journaux.

2) Ensuite on fait des sondages. Il n'est même pas nécessaire que les questions soient orientées (cependant, ça aide).

En effet, il y a trois types de sondés : ceux qui ont une opinion ferme et qui l'affirment, ceux qui ne savent pas, s'en foutent et le disent et, le type le plus intéressant, ceux qui ne savent pas, s'en foutent mais qui, par politesse ou par conformisme, affirment l'opinion qu'ils croient à la mode, c'est-à-dire celle martelée par la classe jacassante.

Ce troisième type suffit à faire les majorités dans les sondages.

3) Le troisième étage de la fusée de manipulation de l'opinion coule de source : la démocratie sondagière, «les Français pensent que ...».

Ce n'est plus la classe jacassante qui parle mais le peuple souverain, contre lequel il serait criminel d'aller. L'effet de conformisme joue alors à plein, il est même socialement recommandé : qui est le vilain petit canard qui ose s'opposer la sainte majorité ?

Cette technique est très efficace.

Son principal ennemi est le temps. Le temps joue pour elle au début, elle grossit puis s'impose comme une évidence. Mais, passé un optimum, on redescend.

Si on laisse aux gens le temps de réfléchir, de s'informer au-delà des apparences, de se forger une opinion propre, de mûrir, elle perd de sa puissance. C'est ce qui s'est passé par exemple lors du référendum de 2005.

C'est pourquoi il est primordial pour les adeptes de ces manipulations de donner à leur opinion force de loi avant que le soufflé ne retombe et que le public ne comprenne qu'il s'est fait bourrer le mou.

D'où la frénésie des nihilistes socialistes de légiférer sur les sujets dits sociétaux. Ils savent que dans quelques années le vent aura tourné mais, si toutes leurs lubies ont été inscrites auparavant dans le droit, ils auront gagné.

Face à cette technique, deux armes :

> l'argumentation.

> les manoeuvres de retardement. C'est pourquoi les parlementaires d'opposition qui se lancent dans des batailles d'amendements, pour ridicules qu'ils puissent quelquefois paraître, font oeuvre utile. Il n'est pas dit que ce qui est à la mode à cette session parlementaire le sera encore à la suivante.

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