samedi, novembre 12, 2011

Il y a pire que l'éclatement de l'Euro, il y a la survie de l'Euro

It's not the break-up of the euro that will bring Armageddon, Vince, it's carrying on as now

Je suis évidemment d'accord avec Daniel Hannan.

Jean-Jacques Rosa a trés bien synthétisé l'économie de l'Euro : l'Euro favorise les cartels bancaires, industriels et politiques et défavorise l'économie libre.

Cette économie de l'Euro se traduit en termes politiques : la classe jacassante, que d'autres appellent l'hyper-classe mondiale, défend l'Euro tandis que les peuples le rejettent de plus en plus. C'est ce que je décris depuis des mois : le choix est entre l'Euro et la démocratie. Nos dirigeants ont clairement choisi de préserver l'Euro en détruisant la démocratie, sous les applaudissements des journaleux.

On ne s'étonnera donc pas que la classe jacassante insiste sur l'inimaginable apocalypse que provoquerait une sortie de l'Euro.

Mais deux doigts de bon sens permettent de relativiser :

1) Quand on vous explique de manière aussi hystérique et affirmative que «non, non, ce n'est pas possible», il y a de fortes chances que celui qui parle craigne que ce soit très possible et que ça finisse même par arriver.

2) Ceux qui ont un peu de connaissance historique se souviendront qu'une sortie d'union monétaire est très banale (1).

3) Certes, la sortie de l'Euro aura bien quelques inconvénients, mais n'aurait-elle pas quelques avantages qui compenseraient ? Etait-ce l'enfer avant l'Euro ? Pour quelques banquiers véreux et incompétents, pour quelques politiciens clientélistes, peut-être, mais pour les autres ?

Le peuple s'adapte à beaucoup de choses. Mieux vaut qu'il s'adapte à une sortie de l'Euro porteuse de renouveau plutôt qu'à un interminable appauvrissement du fait d'une mauvaise monnaie.

Bref, la sortie de l'Euro le plus tôt possible est préférable. Mais, à cause de la domination de la classe jacassante, nous sortirons très tard et après beaucoup de souffrances. Nos institutions auront été mises en miettes par ce retard irresponsable et la démocratie sera menacée.

Quelquefois, je doute même que nous sortirons de l'Euro (ceux qui voyaient la Chine comme sauveur -je n'insiste pas sur ce qu'a de traitreusement antipatriotique un tel espoir, il serait paradoxal d'attendre du patriotisme des européistes- ont eu droit à une douche froide) tellement la puissance de la classe jacassante m'impressionne (2), mais, finalement, j'ai foi en la démocratie.

Ce billet est dédié à l'épouse de Christophe, qui travaille dans une de ces banques-zombies dont la survie nous coûte trop, beaucoup trop.

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(1) : Jean-Jacques Rosa dans Le Figaro du 15 juin 2011

La France peut-elle concrètement retourner à une monnaie nationale ?

Tous les pays issus du démembrement de l'URSS l'ont fait. Du rouble, ils sont passés à des monnaies nationales. Dans les années 1990, après la scission de la République tchèque et de la Slovaquie, j'ai posé la question au président tchèque Vaclav Klaus de la difficulté de créer ainsi sa propre monnaie. Il m'a répondu en exactement deux mots: «Une semaine»... En une génération, une soixantaine de pays sont sortis d'une union monétaire. Aussi, lorsqu'on nous présente cette proposition comme une sorte d'horrible et exceptionnel fantasme, il faut bien prendre conscience qu'elle n'a rien que de très banal. Aujourd'hui, la monnaie est essentiellement scripturale, concrètement, des comptes en banque. Du jour au lendemain vous décrétez que votre compte de 3000 euros est désormais de 3000 francs...

J'ajoute un tableau des dissolution d'unions monétaires.

(2) : je redoute un scénario à la japonaise, où le sauvetage des banques-zombies prend le pas sur tout le reste, avec à la clé vingt ans de stagnation dont on ne voit toujours pas le bout. Je préfère de très loin un scénario à l'islandaise : faillite des banques pourries et redémarrage de l'économie assainie.

Je n'écris pas cela à la légère : je suis client de ces banques-zombies.

Les grandes banques françaises sont en faillite virtuelle : avec des leviers de 30 à 50, elles sont vulnérables à des dégradations de l'économie de 2 à 3%. Mieux vaudrait les mettre en faillite par un coup d'autorité dès aujourd'hui. Hélas, cela ne se fera pas.

(3) : Marc de Scitivaux contre Goldman Sachs

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