vendredi, septembre 30, 2011

Marquise, vos beaux yeux d'amour me font mourir

Une poignée de connasses, et quelques cons qui les soutiennent, voudraient éradiquer Mademoiselle des formulaires administratifs.

La proposition prête peu à discussion : elle est stupide.

Ce qui me frappe, c'est la grossièreté de la pensée de ces gens. N'ont-ils jamais lu Les liaisons dangereuses ? N'ont-ils jamais lu La correspondance d'Héloïse et d'Abélard ? N'ont-ils jamais lu Tristan et Iseult ? Le misanthrope ? Andromaque ? Phèdre ? Othello ? L'éducation sentimentale ? La chartreuse de Parme ?

Les relations hommes-femmes sont d'une complexité et d'une variété qui en font tout le charme. C'est un chatoiement de modalités, de circonstances et de sentiments.

Ces grossiers ne se sont-ils jamais demandé si, par hasard, les prétendues inégalités juridiques et administratives ne seraient pas l'expression d'un équilibre subtil prenant en compte un autre ordre des choses, sentimental, sensuel ou filial ?

Quand j'entends des féministes, je songe à Diane de Poitiers, surnommée la plus que reine. Qu'aurait-elle pensé de tout cela ? Qu'aurait pensé Madame de Lafayette, dont la princesse de Clèves est un chef d'oeuvre de rigueur et de finesse des sentiments ?

Les relations hommes-femmes ont été dégradées par la modernité, la revendication de l'égalité juridique s'est accompagnée d'une dégradation sur tous les autres plans.

Je suis frappé par le nombre ahurissant de femmes élevant seules des enfants. Les relations sentimentales des jeunes sont empreintes d'une grande violence (sous l'influence, entre autres, d'immigrés qui n'ont pas notre culture des amours courtoises, mais, chut, il ne faut pas le dire). Les protections juridiques accrues sont allées de pair avec une diminution des protections sociales et comportementales.

Les hommes sont les grands gagnants de la libération sexuelle : ils ont été libérés de tous leurs devoirs vis-à-vis des femmes.

Qu'y ont gagné les femmes ? Le droit de travailler comme des hommes (mais pour un salaire moindre parce qu'elles sont moins productives), le droit de se faire claquer la porte au nez parce que la galanterie, c'est ringard, et le droit d'être abandonnées avec leurs gosses. En contrepartie, elles peuvent voter et être élues, ça leur fait une belle jambe.

Non, vraiment, je ne vois que bêtise chez les féministes revanchardes.

De plus, je considère une raison encore plus forte que les rapports hommes-femmes de ne pas faire disparaître Mademoiselle des formulaires administratifs : notre société est dans une telle déliquescence que, par souci de préserver ce qui peut encore l'être, on ne devrait toucher à rien de ce qui existe depuis plus d'un siècle.

Mais je m'arrête là : je touche des notions totalement inaccessibles à nos cuistres. Ils sont incapables de méditer cette citation de Lévi- Strauss : «On a mis dans la tête des gens que la société relevait de la pensée abstraite alors qu’elle est faite d’habitudes, d’usages, et qu’en broyant ceux-ci sous les meules de la raison, on pulvérise des genres de vie fondés sur une longue tradition, on réduit les individus à l’état d’atomes interchangeables et anonymes.»

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