dimanche, février 20, 2011

Ah, les grandes exécutions d'antan ...

Nous vivons vraiment une époque à la con, qui n'a plus le sens ni du rituel, ni du spectacle, ni des valeurs, ni de la place des choses. Un monde qui tombe dans la fadeur du «casual», de l'avachi, de l'informe, du mollusque (et encore, c'est pas gentil pour les mollusques, qui sont bien bons à manger).

Regardez la peine de mort. Ils l'ont abolie, ces couillons de belles âmes, ces Badinter à la mords-moi-le-nœud. Ils n'ont vraiment rien compris, les salopards ! Mais quand on ne comprend rien, on ferme sa gueule, au lieu d'imposer ses lubies aux autres, qui ne vous ont rien demandé.

Avant, truand, loufiat, c'était une occupation qui avait sa noblesse. On pouvait être vicieux, gointreux, pervers, maquereau, parricide, petite frappe, tire-laine minable, lâche surineur, étrangleur de petites filles ou rôtisseur de veuves, on n'en vivait pas moins face à la guillotine, avec la perspective lugubre de la prière aux agonisants par l'aumônier de la prison. Je ne sais ce qui était le plus terrible : la prière ou l'aumonier. Dame ! Ca se respecte une fin pareille.

Ca avait de la gueule, les exécutions publiques. Les femmes excitées (les récits sont unanimes), les hommes graves mais tout de même curieux. Le condamné pouvait partir la tête haute, sur une dernière bravade, ou au contraire susciter la pitié des mères de famille, ou se conformer à l'image de l'assassin terrible qu'on aurait peur de croiser. Il y a même eu des assassins beaux gosses.

Tout le monde jouait son rôle bien consciencieusement et en avait pour son argent, les truands assassinaient, les flics tabassaient, la justice condamnait, les bonnes dames vous consolaient, le bourreau exécutait et le public applaudissait. Et la société ne s'en portait que mieux.

La décadence a commencé avec la révolution française et la guillotine. Ca fait sordidement scientifique, petit, ça manque de grandiose. Quant à l'injection létale yankee, n'en parlons pas, c'est à vomir tellement c'est dégradant. Piqué comme un chat cancéreux ...

Non, plutôt une bonne exécution publique par fusillade, avec une belle cérémonie. Roulements de tambour, le juge qui lit la sentence au nom du peuple, de belles phrases bien graves. Le condamné qui refuse crânement le bandeau. La dernier mot, orgueilleux, qu'on espère mémorable «Vive l'anarchie !» ou «J'ai jamais aimé les pissenlits, même par la racine !». C'est le dernier instant de liberté, tout est permis. Le silence tendu. «En joue ... Feu» Pan ! Pan ! Le coup de grâce derrière l'oreille «Pan !». Il a mal vécu mais il est bien parti. Bruant et Brassens en faisaient des chansons.

Et maintenant ? Truand, c'est vraiment cave. Vous pouvez tuer la moitié de la rue très lentement, sadiquement, avec un cure-dents, le juge vous trouvera toujours des circonstances atténuantes à cause d'une enfance malheureuse (sauf si vous êtes blanc et de droite. Il faut tout de même raison garder).

Ah, les vaches ! Les marlous vivotent sans joie, arnaquent sans allant et assassinent à la chaine sans enthousiasme, la police passe son temps à compulser le code pour éviter les erreurs de procédure, elle fait nounou à truands, le juge mélange, très mal, les rôles de psychologue de comptoir et d'assistante sociale alcoolique et les bonnes dames sont désœuvrées puisqu'il n'y a plus de vrai condamné à convertir.

De quoi je me mêle ? On ne demande pas plus à un juge d'avoir des idées sur le social qu'on demande à un militaire d'avoir des idées sur l'humanitaire. Chacun son boulot.

Ah si ? Maintenant, on le leur demande ? Les militaires doivent avoir des idées ? Et des idées humanitaires, en plus ? Des militaires à idées, on n'a pas idée ! Quand je vous dis qu'on vit une époque à la con ... Cernés par les crétins, qu'on est. On ne demande pas à un eunuque d'avoir des idées sur l'amour.

C'est bien simple : maintenant, le pire qu'il puisse arriver à un pègriot, c'est d'être assommé pendant dix ans au Tranxen aux frais de la 'tentiaire. Et pour que ça dure dix ans, il faut encore qu'il ait passé tout un foyer de la Sonacotra au fil d'une tronçonneuse mal aiguisée. Après quoi, il est libéré pour bonne conduite et un tas de connards subventionnés se penchent sur sa petite personne pour savoir si il va bien se réinsérer, le pauvre chou. C'est à vous dégouter un homme de la truanderie.

Et la société n'est même plus protégée. Et personne n'en a plus pour son argent. Evidemment, plus de Brassens. D'ailleurs, on n'a plus que des chanteurs (chanteurs, 'faut le dire vite) à voix de tapettes.

Au lieu de ce mélange des genres pour dégénérés et décadents, si chacun retrouvait la niaque de faire son boulot et seulement le sien ? Si la police fliquait sans se poser de questions, la tête près du képi, et si les juges condamnaient sans états d'âme et si la 'tentiaire se préoccupait plus d'emprisonner que de réinsérer ? Chacun s'en porterait mieux et même les truands retrouveraient un peu d'aura romantique.

Ca n'est sans doute pas un hasard que le dernier gibier de potence à avoir suscité une attirance romantique est aussi le dernier pour lequel les voleurs se sont comportés comme des voleurs et les flics comme des flics : Mesrine.

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