jeudi, mars 11, 2010

Why we don't marry

Why we don't marry

Le mariage est en chute libre. Ca se comprend très bien.

Alain Finkielkraut explique que la vague de repentance, «l'émeute contre les morts» comme il l'appelle, provient en grande partie du fait que le festivus festivus, le post-moderne à rollers, ne veut plus être engagé par rien, et surtout pas par ses ascendants.

Mais il ne veut pas être engagé par lui-même non plus : c'est pourquoi le mariage, qui est un engagement à durée indéfinie (par ce fait même, comporte une part de sacré, même tacite, et l'on sait que, comme l'engagement, le sacré fait horreur au post-moderne, ce qui ne l'empêche pas de vénérer religieusement jusqu'au ridicule les ours blancs et les petits oiseaux), lui est trop lourd, insupportable.

Et les couples qui ont des enfants sans être mariés ? C'est pareil : ils sont à mi-chemin de l'engagement, ils s'engagent à travers les enfants, mais ils ne poussent pas le risque de l'engagement jusqu'au bout en s'engageant l'un vis-à-vis de l'autre sans intermédiaire. La meilleure preuve en est qu'il arrive que des couples établis rompent après le mariage, c'est donc bien que le mariage n'est pas anodin, même pour ces couples là.

Heureusement, il y a une logique humaine dans les us et coutumes : les gens mariés vivent plus longtemps et en meilleur santé. Ce n'est guère surprenant : la vie est pleine d'incertitudes pas toujours faciles à vivre, le mariage en enlève une : malgré toutes les «avancées» (qui sont à mes yeux souvent de vrais reculs), il est encore aujourd'hui plus facile de laisser une note sur la table «J'en ai marre de toi. Je me casse» que de divorcer.

Mais, au fond, je parle du passé : quand 77 % des sondés affirment qu'ils ne voient pas en quoi élever des enfants seule pose problème, on se dit que les notions familiales élémentaires que je viens d'évoquer ont disparu depuis déjà longtemps. Heureusement, ou malheureusement, je ne sais, la réalité se venge de ses lubies d'hommes nouveaux détachés des entraves traditionnelles de la condition humaine : les enfants élevés par des femmes seules ont deux à trois fois plus de risques d'être drogués, chomeurs ou sans qualification (et l'économie explique à peine la moitié de ce risque).

Enfin, l'explication de pourquoi ce sont les basses couches sociales qui souffrent le plus des mouvements lancés par les snobs est intéressante.

Bref, le progrès fait rage.

9 commentaires:

  1. "Le mariage et en chute libre"
    ne s'agit-il pas plutôt du verbe être?

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  2. Avec plaisir, Franck ;)) Très bon texte au passage!

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  3. Oui bon texte. Je crois que ce qui n'est pas compris par les gens dans le mariage, c'est l'engagement ABSOLU pour le meilleur et pour le pire, et qui est, à proprement parler, l'acte fondateur d'une famille.

    Je comprends très bien que certaines conditions conduisent certaines personnes à divorcer ; à la légère, trop souvent.

    à bientôt

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  4. Hors sujet mais c'est tellement croustillant : http://www.tvmag.com/programme-tv/article/people/51085/eric-zemmour-fait-scandale-chez-ardisson.html

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  5. En fait c'est moi qui ait écrit le message précédent.
    J'avais changer de pseudo pour le fun.
    Ca faisait longtemps que j'avais rien posté ici mais ça fait plaisir de vous relire Mister Boizard.

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  6. Le côté religieux du mariage me met un peu mal à l'aise car j'en ai un peu rien à cirer des "je vous salue Marie" et cie.
    Je pense également que les combinaisons diverses de couples hommes/femmes ne sont pas un mal, le principe est que l'enfant, quand il y a, ait une éducation qui le prépare au mieux à affronter la vie et ses difficultés et à s'épanouir.

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  7. Erdav,

    Le sens du sacré s'exprime différemment chez l'intellectuel parisien et la paysanne bretonne, ça ne l'empêche pas d'exister.

    Par contre, on est bien forcé de constater que sa perte entraine une indigence intellectuelle dramatique, au point que les fadaises écologiques deviennent une religion de substitution pour les cons.

    Il est très nocif pour un enfant d'être élevé comme le centre du monde. C'est un mensonge dévastateur : il doit découvrir avant l'adolescence qu'il n'est pas le centre du monde. C'est pourquoi le couple de ses parents doit exister symboliquement en dehors de lui et le droit (ou la religion), c'est-à-dire le mariage, me semble un bon moyen.

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  8. J'ai publié un écrit de Karen Blixen, l'auteur de "Out of Africa" sur le constat qu'elle avait déjà fait concernant le féminisme naissant dans les années vingt et la dégradation des relations dans le couple qui en découlait. Même si le féminisme n'est pas la seule cause de ses dégradations.Elle avait bien senti la chose.

    http://www.penserrendlibre.wordpress.com

    Salutations

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