samedi, janvier 30, 2010

La police de la pensée sévit

AFP :

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En pleine affaire Frêche, le PS s'est insurgé aujourd'hui contre des "propos méprisants à tonalité raciste" tenus contre un de ses candidats par le maire UMP de Franconville, alors que Valérie Pécresse, chef de file UMP francilienne, a crié à la "grossière manoeuvre de diversion".

Jeudi, Francis Delattre, ancien député et actuel maire de cette ville du Val-d'Oise, a déclaré à propos d'Ali Soumaré, tête de liste PS dans ce département, d'origine malienne: "Au début, j'ai cru que c'était un joueur de l'équipe réserve du PSG. Mais en réalité, il est premier secrétaire de la section de Villiers-le-Bel. Ca change tout!".

Ces propos, tenus lors d'un meeting des régionales auquel assistaient les ministres Valérie Pécresse, Rama Yade et le numéro un de l'UMP Xavier Bertrand, sont "méprisants, à tonalité raciste", a déclaré dans un communiqué Marie-Pierre de La Gontrie, porte-parole de campagne du président PS sortant et candidat en IdF, Jean-Paul Huchon.

Mme de La Gontrie a réclamé des "excuses", tandis qu'un autre socialiste, proche de François Hollande, Faouzi Lamdaoui, demande à "Nicolas Sarkozy d'intervenir pour mettre fin au +racisme décontracté+ et la +lepénisation tranquille+ qui gagne les rangs de l'UMP".

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Bien sûr, les propos incriminés ne sont pas aveuglants de finesse, mais quoi ? Seule la gauche, qui traite tous jours, avec la plus parfaite mauvaise foi, Sarkozy de fasciste, aurait droit à la bêtise ?

Ces cris d'orfraie à répétition de gens dont la probité est plus que douteuse me fatiguent.

Pierre Goldman

Je ne connaissais pas l'affaire Goldman et je n'en ai pas grand'chose à foutre : les causes pour lesquelles les gauchistes se branlent le Polichinelle et qui leur permettent de s'admirer dans le miroir complaisant de leur conscience élastique me laissent tout à fait indifférent.

Mais cet article est tellement clair et démonstratif de l'immoralité de la «gauche morale», que je vous y renvoie.

Pierre Goldman, encore et toujours

Ne croyez pas que cela soit du passé : on nous refait le coup avec Cesare Battisti.

Notamment, la manipulation de l'opinion publique, à coups de pétitions, de pression médiatique et de journalistes embrigadés, de façon à faire céder la justice, est on ne peut plus actuelle.

vendredi, janvier 29, 2010

Les contradictions de festivus festivus

Excellent article de Fromage Plus :

Le pays de Descartes

Non seulement les socialistes ne parlent pas le français, mais ils ne le comprennent pas

Non seulement les socialistes ne parlent pas le français, mais ils ne le comprennent pas.

Ce syndrome du «Je vois des racistes partout» (sauf, bien entendu, où il y en a vraiment) fait dire des choses ridicules.

Ca se prend pour le centre du monde moral, pour la conscience humaine, ça fait la leçon à la terre entière, mais ça ne comprend même pas sa propre langue.

Finalement, je vais finir par croire avec Montaigne que toutes les querelles sont grammairiennes. Comment discuter et débattre dans l'ordre avec des gens qui jargonnent et qui petit-nègrent ?

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Addendum : les socialistes, incapables de comprendre le sens figuré d'une expression comme «il est pas catholique» tombent tout à fait dans la novlangue décrite par Orwell (c'est moins qui rougeoie) :

« Ne voyez-vous pas que le véritable but du Novlangue est de restreindre les limites de la pensée ? A la fin nous rendrons littéralement impossible le crime par la pensée car il n'y aura plus de mots pour l'exprimer. Tous les concepts nécessaires seront exprimés chacun exactement par un seul mot dont le sens sera délimité. Toutes les significations subsidiaires seront supprimées et oubliées. (...) Le processus continuera encore longtemps après que vous et moi nous serons morts. Chaque année, de moins en moins de mots, et le champ de la conscience de plus en plus restreint. Il n'y a plus, dès maintenant, c'est certain, d'excuse ou de raison au crime par la pensée. C'est simplement une question de discipline personnelle, de maîtrise de soi-même. Mais même cette discipline sera inutile en fin de compte. La Révolution sera complète quand le langage sera parfait. (...) Vous est-il jamais arrivé de penser, Winston, qu'en l'année 2050, au plus tard, il n'y aura pas un seul être humain vivant capable de comprendre une conversation comme celle que nous tenons maintenant ? » (George Orwell, 1984)

jeudi, janvier 28, 2010

Où sont les Français ? (L'exemple de la burqa)

Où sont les Français ? Je ne suis pas le seul à me poser cette question. On dirait qu'il ont disparu du paysage, on ne les entend pas, on ne les voit pas.

Prenons l'exemple de la burqa.

Mes sondages personnels et les sondages publics disent qu'il y a une vaste majorité pour l'interdire.

La commission parlementaire sur le sujet rend un rapport, disant qu'il faudrait faire quelque chose mais que, c'est bien dommage mon pauvre monsieur, on ne peut point. Même un magistrat de gauche juge cette conclusion lâche et hypocrite.

Donc, le microcosme médiatico-politique désavoue les Français, les prend tout bonnement pour des cons, et rien, pas une réaction, pas un cri, pas de colère.

Les assauts conjugués et continus du système éducatif de la machine à abrutir dès le plus jeune âge et de la télévision ont considérablement amoindri les capacités des Français à penser et à agir. Mais, tout de même, ça fait drôle d'en constater les effets.

«Martine Aubry propose à la maire de Montpellier ...»

J'ai trouvé cette phrase dans Le Monde : «Martine Aubry propose à la maire de Montpellier de mener une liste contre Georges Frêche».

Ce barbarisme, «la maire», je trouve cela d'un disgracieux à vomir. Une telle manière de s'exprimer suffit à juger ceux qui l'emploient, inutile d'aller plus loin et d'essayer de comprendre ce qu'ils écrivent.

Vous direz que je deviens de plus en plus acariâtre, mais je n'ai plus envie de m'emmerder à subir le charabia des cons.

Identité nationale, burqa, même cinéma

Je vous ai dit que le débat sur l'identité nationale était une grosse ficelle pour éviter d'agir (1).

Je vous ai dit la même chose sur la burqa.

Mon analyse est amplement vérifiée sur la burqa : la commission parlementaire dit qu'il faudrait interdire la burqa mais que c'est compliqué, vous comprenez. Bref, qu'on ne fera rien. C'est lâche et mensonger : ce n'est pas la capacité de faire qui manque (des solutions juridiques, on en trouve toujours), c'est la volonté.

Nul doute que le débat sur l'identité nationale finira aussi en eau de boudin, pardon, en eau de kebab.

Pauvre France. Pauvres Français.

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(1) : les seules vraies questions sont celles qui ne sont justement pas posées : doit on arrêter l'immigration ? Doit expulser les immigrés ? Le débat tourne autour de «Voulez vous plus d'immigration ou beaucoup plus d'immigration ?» Aucun intérêt.

lundi, janvier 25, 2010

Les Z machines

Amis lecteurs, béotiens de la technique, il est temps que vous en appreniez un peu plus sur les Z machines.



L'article de Wikipedia étant très bien fait, je vous y renvoie : Z machines.

Que faut-il en retenir ?

Il y a une Z machine à Sandia, aux USA évidemment.

Elle a permis d'atteindre, pour des raisons pour l'instant inconnues, des températures supérieures à celle du soleil ou d'une explosion H.

On peut supposer qu'on arrivera à maîtriser de telles températures, puisqu'on arrive déjà à les créer (oui, je sais, je suis optimiste). Cela prendra sans doute des décennies et des milliards de dollars (vous voyez, je ne parle pas de yens ni d'euros. Les Etats-Unis, puissance au bord de la catastrophe, c'est une fable pour obsédés de l'anti-américanisme).

Les perspectives sont renversantes : on pourrait alors fusionner des atomes plus lourds, et donc plus aisément manipulables, que les classiques deuterium et hydrogène. On pourrait même choisir des couples qui ne dégagent aucune radioactivité.

L'espoir est une énergie quasiment inépuisable.

Le problème qui reste est : une Z machine peut elle avoir un rendement positif ? Produire plus d'énergie qu'elle en consomme ?

Aujourd'hui, nous en sommes très loin, mais il y a une autre manière de voir les choses : nous n'en avons jamais été si près.

Evidemment, la Z machine est honnie des écolos, elle met à bas tout leur millénarisme. Mais, bon, si on devait écouter ces gens ...

A serious man


Décidément, je ne comprends pas les critiques. J'avais lu que c'était le meilleur film des frères Coen. J'y suis allé en confiance. Amère déception.

Ce film est terne et décousu. Et puis, les histoires de rabbins, au bout d'un moment, ça lasse. Il n'est pas franchement mauvais, mais il n'est franchement pas bon.

Finalement, la bande-annonce est meilleure que le film.

Allez voir autre chose.

dimanche, janvier 24, 2010

L'anti Obama

L'apprenti-sorcier de la Maison Blanche

Mes doutes sur Obama vous sont largement connus : victoire d'Obama.

Le texte de Bernard Martoïa, dont vous ne trouverez aucun équivalent dans la presse obamaniaque (1) française,est certes incisif mais il me semble assez juste. Notamment, on pouvait très tôt douter de la compétence d'Obama.

C'est d'ailleurs un des problèmes de l'hyperdémocratie que la présomption d'incompétence(autre exemple : GW Bush, Ségolène Royal (2)) ne constitue pas un obstacle à l'élection.

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(1) : l'obamania de la presse française est facile à comprendre. L'élection d'Obama lui apparaît comme une validation de l'idéologie qu'elle martèle depuis trente ans : le métis, «l'ouvert», le «divers», le «mélangé», comme modèle, comme idéal, comme surhomme. Que la réalité démente cruellement cette idéologie ne suffit pas pour en changer. Ce n'est donc pas demain la veille que la presse française reconnaîtra qu'un homme dont les ancêtres viennent de vingt pays n'a aucune raison d'être supérieur à un homme issu de vingt générations de corréziens.

(2) : elle a certes perdu, mais elle est allée loin.

Un ministre raciste ! Que fait la Halde ?

Déclaration d'Azouz Begag : «Dans 10 ans, on sera entouré de Chinois, alors il faudra que l’on se serre les coudes, les Français, les Arabes et les Africains, afin de protéger notre identité.»

Aucune réaction de la presse bien-pensante et de la Halde.

Transposons : «Dans 10 ans, on sera entouré d'Arabes, alors il faudra que l’on se serre les coudes, les Français, les Auvergnats, les Bretons, afin de protéger notre identité.»

Selon vous, quelle serait la réaction de la presse bien-pensante et de la Halde ?

vendredi, janvier 22, 2010

Les mitres molles pour la burqa

Les évêques de France portent déjà une sorte de burqa, est-ce leur raison de s'opposer à une loi l'interdisant ?

On connaît bien l'illusion qui conduit à cette position idiote : toutes les religions monothéistes unies contre la République profane.

Mais c'est une illusion consistant à promouvoir l'union du loup et de l'agneau.

Les évêques sont victimes d'une mollesse gauchisante tout à fait indigne des traditions de notre Eglise gallicane.

Même ces élites là trahissent.

jeudi, janvier 21, 2010

Mon petit hommage à Albert Camus

A la fin des années 80, au lycée, nous étions deux camarades à disputer, lui était sartrien, moi camusien. Il y a de heureux hasards : Alphonse Boudard expliquait qu'il avait rejoint la Résistance parce que son ennemi intime dans le quartier était pour la Milice.

Certes, Sartre était plus brillant que Camus, mais où cela l'a-t-il mené ? Cette aisance supérieure à manier idées, concepts et mots l'a-t-elle conduit à une meilleure analyse ? Que nenni, l'intelligence est chose fugitive. Il ne suffit pas d'épater le germanopratin pour avoir raison. Avec le recul, on s'aperçoit que Camus tient bien mieux la route que Sartre.

Camus a été un vrai résistant. Sartre a joué au résistant (de la dernière heure). Parmi mille faits, celui-ci dit bien la différence entre les deux.

Les années de jeunesse sont des années de formation. Elles marquent. J'ai eu la chance d'avoir de bons maîtres et de saines lectures, c'est-à-dire des lectures exigeantes. Je comprends, à ce qu'on me raconte, que de moins en moins d'élèves de l'école publique ont cette chance et je le regrette amèrement.

Il y a longtemps que je n'ai pas ouvert un livre d'Albert Camus, peut-être vingt ans, les œuvres de Camus dans la Pléïade sont quelque part chez mes parents.

Pourtant, j'en garde l'empreinte. Je dois à Camus une bonne part de ce que je suis intellectuellement.

mercredi, janvier 20, 2010

Une petite zone de turbulences


Film de Michel Blanc. Un humour pince-sans-rire assez bienvenu.

Un retraité récent est pris d'un coup de blues. Perturbé par cet événement, l'équilibre familial chancelle. Le vernis des conventions et des habitudes craque.

Seule faute de goût de ce film (1), le fils est évidemment homosexuel (2).

Je pense que, pour les archéologues dans quelques siècles, cette obsession de l'homosexualité du cinéma occidental des années 2000 sera un sujet d'étonnement et donnera lieu à de longues et savantes analyses.

Vous connaissez mon opinion : par hédonisme, par refus de la vie, de la responsabilité, notre société valorise tous les comportements stériles (les quotas de femmes, la trop fameuse parité, sont un autre exemple : les femmes qui travaillent font moins d'enfants).

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(1) : ce n'est pas une faute de goût d'être homosexuel (quoique, après tout, n'ayant pas ce goût là, je me sens fondé à estimer que c'est assez disgracieux), c'en est une de mettre des homosexuels dans (presque) tous les films.

(2) : rappelons à ceux qui ne vont pas au cinéma que les deux intrigues principales du cinéma français actuel sont «quand le noir va-t-il sauter la blanche ?» et «comment annoncer à papa (ou à maman) que je suis pédé ?».

La parité, acte de foi de nos dirigeants


C'est curieux, vous ne trouvez pas, cette façon qu'on a de nous expliquer que les femmes sont tellement supérieures aux hommes qu'il faut absolument une loi pour nous forcer à en mettre un peu partout ?

lundi, janvier 18, 2010

Porco Rosso


Vous ne serez pas étonnés que ce film plein d'avions superbes soit cher à mon cœur et reste parmi mes favoris de Miyazaki. Vous trouverez à ce lien une analyse.

Je suis encore au regret de constater la médiocrité de la critique cinématographique française, qui, toute pleine d'idéologie, semble considérer que la principale qualité de ce film est dans son opposition au fascisme ! Je vois là un aveuglement du aux préjugés. Cette faute de goût est aussi pour un critique, qui fait profession d'avoir du goût, une faute professionnelle.

Ce film a été plutôt un échec en France à sa sortie mais s'est bien rattrapé en DVD, autrement dit, à mesure que le temps passe, que le poids des critiques patentés s'allège et que celui de la réputation s'accroit, il gagne du public.

Démoralisez, démoralisez, il en restera toujours quelque chose


Cette video est de 1985.

Elle a hautement réjoui un mien collègue qui est persuadé que la dissolution actuelle de notre société (maternalisme, stérilité, absence d'auto-défense, immigrationnisme, hédonisme irresponsable ...) est une victoire posthume du communisme.

On notera avec intérêt que le but de la manœuvre est de démoraliser l'adversaire, de lui faire perdre la croyance en ses propres valeurs, en son propre pays, en lui-même. Il n'y a qu'à voir la vague de repentance qui nous submerge, la xénophilie obsessionnelle, le mépris dans lequel on tient toutes nos traditions (1).

Tout y est : le fait que sont ciblés les étudiants, les journalistes, les politiciens ; que la cible prioritaire n'est pas les gauchistes, déjà convaincus, mais les autres ; que rien n'est caché, qu'il suffit d'avoir des yeux et des oreilles pour voir et entendre.

Un des points les plus marquants est l'affirmation, maintes fois prouvée depuis, qu'un endoctrinement réussi est pratiquement imposssible à remettre en cause. Combien de nos intellectuels, vingt ans après la fin de l'URSS, gardent la nostalgie du communisme ? Et même quand ils répudient le communisme, ils en gardent les habitudes de pensée, les mécanismes de raisonnement. C'est pourquoi je suis convaincu que l'«esprit de 68», puisque c'est ainsi que s'appelle en Occident le résultat de la manoeuvre de démoralisation soviétique (2), ne disparaîtra qu'avec ceux qui le portent.

Bien sûr, il faut prendre cela avec des pincettes : après tout, un ancien du KGB passé à l'ouest n'est pas un enfant de choeur. Mais, enfin, nous avons trop de preuves pour douter : comme le dit Bezmenov, il suffit d'avoir des yeux pour voir.

Enfin, cela serait une ironie de l'histoire profondément comique, si nous n'en étions les victimes, que les islamistes récoltent ce que les communistes ont semé. Car c'est bien ce à quoi nous assistons : nous sommes envahis de trois cent mille nouveaux immigrés chaque année et, bien loin de nous révolter et de nous défendre, nous avons même en notre sein des gens pour se réjouir à grand bruit de ce suicide.

Un phénomène, l'immigration, qui aurait du rester banal et qui peut même à petites doses être une richesse, est devenu sous l'effet de notre absence de réistance, l'instrument de masse de notre disparition. Et, parmi cette masse, celui qui s'impose, qui donne le la, c'est le militant islamiste, celui qui exige de nous les cantines hallal, la mosquée, le voile, la burqa et demain quoi ? La conversion ? La dhimmitude ?.

Ainsi, les zélateurs de l'homme nouveau ont préparé la venue de l'homme le plus rétrograde qui soit. Beau succès.


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(1) : oser constater que l'Europe a des racines chrétiennes provoque des cris outragés. C'est dire à quel point notre intellitgentsia est devenue allergique à la vérité la plus élémentaire.On est en plein dans notre sujet, puisque l'amalgame de l'Eglise et du fascisme, «Pie XII, pape d'Hitler», est un pur produit de la propagande soviétique. Voir ce billet d'Eric Zemmour.

(2) : je précise que l'«esprit de 68» n'est pas le fruit de la seule propagande soviétique, mais il n'empêche que celle-ci a joué un rôle majeur. Notamment, toute la manœuvre d'immédiat après-guerre pour implanter un système collectiviste, «Etat-providence», déresponsabilisant et infantilisant.

samedi, janvier 16, 2010

Les Haïtiens, victimes d'eux-mêmes

Le concept de «catastrophe naturelle» m'a toujours paru une lâcheté.

Un événement naturel ne devient une catastrophe qu'en fonction des hommes qui le subissent. Un tremblement de terre au Sahara ne dérange pas grand'monde. Et il est clair qu'un séisme est moins catastrophique au Japon qu'en Haïti.

Les Haïtiens sont en réalité victimes non d'un tremblement de terre mais de la pauvreté, de la gabegie, de la corruption, de la désorganisation, c'est-à-dire d'eux-mêmes.

Car vous savez où est la vraie catastrophe ? C'est qu'Haïti est décolonisé depuis si longtemps qu'il est impossible d'accuser l'homme blanc. On pourra toujours accuser l'occupation américaine, mais c'est si loin que c'est peu crédible. Et ça vraiment, pour la bien-pensance, c'est la tuile.

Haiti's apocalypse

Le P51, le 747 et l'A400M


Un petit calcul pour vous exposer l'incompétence de ceux, industriels et clients (1), qui sont en charge du fiasco de l'A400M.

Il s'est écoulé 2 350 jours entre la signature du contrat de l'A400M et son premier vol.

Entre le contrat et la le premier vol du P51 Mustang, un des avions les plus réussis de l'histoire (alors que rien ne dit encore que l'A400 M sera un avion exceptionnel), seulement 122 jours ont été nécessaires.

Vous pourrez alors me dire que c'était la guerre, disons que ça compte pour un facteur 2, et que le P51 était un monomoteur, disons un facteur 4. En revanche, je ne prends pas en compte le facteur souvent entendu de la plus grande complexité des avions actuels : car si les avions sont plus complexes, nous sommes également censés avoir développé les moyens de maîtriser cette complexité.

Tout cela mis bout à bout, il en résulte tout de même que les gens qui ont fait le P51 était à peu près deux fois meilleurs que ceux qui ont fait l'A400M.

Cette comparaison vous paraît tirée par les cheveux ? Alors, prenons le développement d'un gros quadrimoteur en temps de paix, le 747. Le premier vol s'est déroulé 1 166 jours après la lettre d'intention entre Juan Trippe, président de Pan Am , et Wiliam Allen, de Boeing.

De là à en conclure que Boeing de 1970 est deux fois meilleur qu'Airbus des années 2000, il n'y a qu'un pas que je franchis allègrement.

D'ailleurs, Airbus est également inférieur à lui-même : l'A300 a aussi été développé plus vite.

Le mot incompétence vient spontanément aux lèvres.

Vous remarquerez que Boeing a bien souffert sur le Dreamliner. Mais le projet était plus innovant que l'A400M (2). Boeing a pâti d'avoir des financiers à sa tête mais est en train de corriger le tir : on peut de nouveau y espérer faire carrière en étant ingénieur.

Mais Airbus a un problème encore plus grave. EADS n'est qu'en apparence une société industrielle (3). En réalité, c'est un objet politique assez étrange.

Les dirigeants d'EADS sont incompétents en gestion de programme. Pas un dirigeant actuel qui, lorsqu'il se trouve par la plus grande des coïncidences qu'il a fait un passage à la tête d'un programme, soit resté à ce poste assez longtemps pour subir les conséquences des décisions qu'il a prises. Il est donc impossible qu'il en ait tiré le moindre enseignement. Ce n'était qu'une marche dans un cursus honorum.

Bien qu'il ait «pété les plombs», le dernier dirigeant d'EADS à avoir une véritable expérience industrielle, pas seulement une ligne de CV pour épater les journalistes et les politiciens, était Noël Forgeard.

Les coupables sont les actionnaires, c'est-à-dire les Etats, qui sélectionnent les dirigeants sur des critères politiques et non pas industriels. C'est ainsi qu'on peut voir Untel, qui n'a réglé aucun des problèmes de retards de son entité, promu à la tête d'une plus grosse entité qui souffre de retards encore plus graves. Comment peut-on espérer un instant qu'il les résoudra ?

Le salut d'EADS ne peut donc venir que des Etats, si ils décident qu'il y a péril en la demeure et qu'il faut arrêter les conneries, c'est-à-dire se livrer à une Saint-Barthélémy du «top management» d'EADS, car, suivant le bon sens d'Einstein, il ne faut pas espérer résoudre les problèmes avec ceux qui les ont créés.

La situation ne me semble pas mûre : le climat est à la guerre de tranchées franco-allemande, donc ne céder aucune position acquise, même par un bon-à-rien. A moins qu'un sens de l'urgence nouveau apparaisse dans certains esprits bien placés, il est donc peu probable que quelque chose bouge bientôt.

Pourtant, dès que le problème sera pris en mains, il sera résolu, ou presque : même si je pense que les talents aéronautiques (et pas seulement aéronautiques) sont plus rares qu'il y a quelques décennies, on doit en trouver suffisamment en regardant bien dans les coins pour remettre EADS d'aplomb.

Tout ce que je vous raconte ici est public, je vous fais juste une synthèse de la presse spécialisée. Des analyses de ce type ont déjà été exprimées par Henri Martre et Jean Pierson, anciens dirigeants d'Airbus et d'Aérospatiale.

Seulement, comme dans tout problème institutionnel, la difficulté n'est pas d'avoir une analyse juste, ni même que celle-ci soit largement diffusée ; c'est qu'elle atteigne les hautes sphères et soit adoptée par des responsables qui ont l'envie, le caractère, l'intelligence et l'occasion de bien agir.

Joue en défaveur du rétablissement d'EADS le fait que le dévouement au bien public est de plus en plus étranger aux cercles gouvernementaux.

Enfin, il y a un problème moral (un grand mot !). Une pratique s'est répandue dans les contrats militaires : les clients ont des exigences délirantes qu'ils savent intenables que les industriels acceptent en sachant qu'ils ne les tiendront pas.

Ensuite, une fois le contrat signé et le projet au milieu du gué, il suffira aux industriels de se rouler par terre en pleurant, en exposant au public leurs plaies et bosses, pour obtenir une rallonge. C'est à cela que nous assistons sur l'A400M.

Les industriels et les Etats sont complices dans cette magouille : le but est de fractionner la douloureuse vis-à-vis d'un électorat sourcilleux et d'étaler les dépenses pour des Etats impécunieux.

Ces pratiques supposent tout de même un profond cynisme et une éthique à géométrie variable. Chez les technocrates, la malhonnêteté s'exprime de manière plus feutrée et hypocrite que chez les voleurs à la tire, mais cela reste tout de même, malgré les costards-cravates et les grands discours, des comportements d'escrocs.

Il est donc déraisonnable d'attendre quoi que ce soit de ces gens.

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(1) : les clients ont eu des exigences folles et contradictoires, EADS a été assez con pour les accepter.

(2) : c'est d'ailleurs une question qui me trulupine : l'A400M ne casse pas des briques, technologiquement. Fallait-il mettre autant sur la table pour ce qui n'est, quoi qu'on en dise, qu'un avion de transport ?

(3) : une des choses qui m'a dérangé lors du premier vol de l'A400M, c'est tout le barnum politico-médiatique, les petits-fours, les blablas, la cérémonie. Un premier vol, on peut s'en réjouir après, mais avant, on a tout intérêt à garder profil bas. Ca peut toujours merder. Là encore, on constate une réaction de politicards et non d'industriels. Des types qui auraient déjà vu un premier tir ou un premier vol foirer auraient été plus prudents.

mercredi, janvier 13, 2010

Ah, le turbo-compound ...

Dans ma série «les merveilleuses mécaniques des années 40», voici le turbo-compound.

Vous connaissez tous le turbo-compresseur : une turbine mue par les gaz d'échappement d'un moteur à explosion fait tourner un compresseur qui «gave» le moteur, de façon à gagner de la puissance.

Le turbo-compound, lui, consiste en une turbine qui renvoie directement la puissance sur le vilebrequin par un jeu de renvois mécaniques.

Exemple ici sur le Wright Cyclone R3450 :

Le turbo compound


Vous imaginez le bestiau : 2 étoiles de 9 cylindres, 54 litres de cylindrée, trois turbo-compounds à 120 °, un compresseur mécanique, 2 800 ch. Il y en a un au musée d'Angers.

Je ne sais pas pourquoi les concepteurs ont préféré le couple turbo-compound + compresseur mécanique au turbocompresseur.



Sur cette photo d'un écorché du moteur, on voit très bien la turbine orange et le renvoi qui part à l'horizontal.

Faut-il une loi pour interdire la burqa ?

Absolument pas.

La burqa est intolérable pour une unique raison : à Rome, on fait comme les Romains ; en France, on fait comme les Français.

Toutes les discutailleries autour de pseudo-arguments féministes ou religieux cherchent à éviter cette vérité brutale : chez nous, ce n'est pas chez eux et on n'y fait pas ce qu'on veut, il y a des coutumes et des habitudes à respecter, coutumes et habitudes qui méritent tout autant d'être défendues que celles des Tibétains ou des Indiens des Chiapas.

Mais les post-modernes sont tellement persuadés qu'il faut avoir honte de nous-mêmes et nous ont tellement endoctrinés dans cette idée qu'ils sont aujourd'hui incapables d'utiliser le seul argument qui vaille.

Une loi interdisant la burqa est encore une manière de fuite : on prolonge la discussion pour reculer le moment d'agir. En réalité, les lois existantes permettent dès maintenant d'interdire la burqa. Il suffirait que le gouvernement fasse passer quelques consignes de fermeté et, dans une semaine, il n'y a plus une burqa dans les rues de France.

Pas de loi sur la burqa, mais une application stricte et immédiate des lois existantes.

Nota : il se trouve que ce point de vue est exactement celui de JM Le Pen. Ca ne fait pas de moi un militant lepéniste (ni même, d'ailleurs, un électeur). Je précise cela car certains ont l'amalgame expéditif. Il se trouve que l'opinion de JM Le Pen, et donc la mienne, sur ce sujet peut être classée conservatrice (position que j'assume avec joie), par son respect des traditions, mais je ne vois pas en quoi elle est d'extrême-droite.

mardi, janvier 12, 2010

Bright Star

C'est du Jane Campion. Ce n'est pas follement gai. Mais d'une grande beauté.

Je suis un peu surpris de lire dans les journaux que ce film a été accueilli en demi-teinte à Cannes, pour cause de mélodrame.

Ce manque de jugement est peut-être du au cynisme qui sied aux réunions entre professionnels.

D'ailleurs, le public ne s'y trompe pas. J'ai trouvé une salle pleine.

dimanche, janvier 10, 2010

L'Islam, religion de paix, d'amour et de tolérance, et la civilisation incompétente

Extrait du Wall Street Journal Europe :

Airport security and our incomptetent civilisation

When does a civilization become incompetent? I've been mulling the question in a number of contexts over the last year, including our inability to put a stop to Somali piracy, detain a terrorist who can neither be charged nor released, think rationally about climate change, or rebuild Ground Zero in an acceptable time frame.

But the question came to me again in Brussels on Sunday as I watched my children—ages six, four, and four months—get patted down before boarding our U.S.-bound flight. The larger-than-allowed bottle of cough syrup in my carry-on, however, somehow escaped our screener's humorless attentions.

Yes, the screener in this case was Belgian, not American. Yes, terrorists come in any number of skin colors, and they aren't above strapping explosives to their own children. And yes, the Obama administration took a half-step toward sanity by ordering additional screening of passengers from 14 countries, including Yemen, Pakistan, Saudi Arabia and Nigeria, home of Flight 253 would-be bomber Umar Farouk Abdulmutallab.

But here's a predictive certainty: Not one non-Muslim from any of these countries (or others such as Egypt or Jordan, which were oddly excluded from the list) will ever become a suicide bomber. The localized case of Sri Lanka's Tamils aside, suicide bombing is a purely Islamic phenomenon. Note that during the whole of the intifada there was not a single case of a Palestinian Christian blowing himself up, making a nonsense of the view that Israel's checkpoints and curfews and security fences were the main cause of the terror.

So as Homeland Security, TSA and the rest of the government's counterterrorism apparatus struggle to upgrade travel security in a way that doesn't involve freeze-drying passengers in their seats, it's worth noting that we have finally reached the outer bounds of a politically correct approach to airport security. To wit, the U.S. government is now going to profile Muslim passengers, albeit partially, indirectly and via the euphemism of nationality instead of religion. Insofar as actual security is concerned, it would be both more honest and effective if it dropped the remaining pretense.

The obvious rub is that profiling goes against the American grain. We shudder at the memory of previous instances of it, particularly the internment of Japanese-Americans in the 1940s. Rightly so.

But a civilization becomes incompetent not only when it fails to learn the lessons of its past, but also when it becomes crippled by them. Modern Germany, to pick an example, has learned from its Nazi past to eschew chauvinism and militarism. So far, so good. But today's Multikulti Germany, with its negative birth rate, bloated welfare state and pacifist and ecological obsessions is a dismal rejoinder to its own history. It is conceivable that within a century Germans may actually loathe themselves out of existence.

In the U.S., our civilizational incompetence takes various forms. For instance: No country in the world collects more extensive statistical data about its own population than the U.S. And no country is as conflicted about the uses to which that data may or may not be put than the U.S. So what exactly is the point of all this measuring, collating and parsing?

Our deeper incompetence stems from an inability to recognize the proper limits to our own virtues; to forget, as Aristotle cautioned, that even good things "bring harm to many people; for before now men have been undone by reason of their wealth, and others by reason of their courage."

Thus we reject profiling on the commendable grounds that human beings ought not to be treated as statistical probabilities. But at some point, the failure to profile puts innocent lives recklessly at risk. We also abhor waterboarding for the eminently decent reason that it borders on torture. But there are worse things than waterboarding—like allowing another 9/11 to unfold because we recoil at the means necessary to prevent it. Similarly, there are worse things than Guantanamo—like releasing terrorists to Yemen so they can murder and maim again (and so we can hope to take them out for good in a "clean" Predator missile strike).

Put simply, we do not acquit ourselves morally by trying to abstain from a choice of evils. We just allow the nearest evil to make the choice for us.

And so it goes. We can be proud of how deeply we mourn the losses of troops in Afghanistan and Iraq. But a nation that mourns too deeply ultimately becomes incapable of conducting a war of any description, whether for honor, interest or survival. We rightly care about the environment. But our neurotic obsession with carbon betrays an inability to distinguish between pollution and the stuff of life itself. We are a country of standards and laws. Yet we are moving perilously in the direction of abolishing notions of discretion and judgment.

One of life's paradoxes is that we are as often undone by our virtues as by our vices. And so it is with civilizations, ours not least.

Write to bstephens@wsj.com

samedi, janvier 09, 2010

Principe de précaution, principe pour les cons

Extrait d'un entretien de François Ewald dans Le Monde :

Quelle leçon tirer pour une prochaine crise sanitaire ?

L'application, demain, du principe de précaution a toutes les chances de passer par les mêmes phases : excès dans l'évaluation de la menace, puis déception.

Qu'est-ce que cela veut dire de la société d'aujourd'hui ?

Avec le principe de précaution, on revient sur cette ascèse chère aux philosophes du XVIIIe selon laquelle un jugement juste devrait être dépassionné. Nous revendiquons un nouvel usage des émotions, de la peur en particulier, qui ne préserve pas de l'erreur. Le principe de précaution, loin de renforcer l'autorité de l'Etat, l'affaiblit et finalement prive la décision publique de sa légitimité. Enfin, en raison de l'exagération des émotions qui le constitue, il tend à placer la société dans une situation de crise, d'urgence permanente comme on le constate par exemple avec la question du climat.

Cela témoigne d'un changement de paradigme politique, à une sorte d'hyperdémocratie des individus qui est fort préoccupante. Car on ne voit plus ce qui, dans un tel monde de dispersion des valeurs et des passions, pourrait rassembler les individus déboussolés.

«Sécuriser les lycées» qu'ils disent

Le lycéen poignardé par un camarade est mort de ses blessures.

On nous parle de «sécuriser les lycées». Qu'est-ce que ça veut dire ? Installer un portique de détection d'armes et un commissariat à l'entrée de chaque lycée ?

Puis ensuite, on nous parlera de «sécuriser les collèges», de «sécuriser les écoles primaires» et de «sécuriser les maternelles» ? Et pourquoi pas les bus, les abris-bus ? Partout où un fauve peut passer ?

La bien-pensance est toujours très forte pour dévier les coups, pour faire dériver les vraies questions vers de faux problèmes, qu'évidemment rien ne peut résoudre.

Soyons clairs : on n'en a rien à foutre de «sécuriser les lycées», de le protéger des fauves. On ne devrait pas avoir besoin de «sécuriser les lycées».

L'essentiel n'est pas : comment vivre avec les fauves ? Mais : comment ne plus produire de fauves et comment se débarrasser de ceux qui existent ?

Et la réponse est parfaitement connue : le retour du père, la fin du maternalisme.

Les fauteurs de troubles expulsés ou enfermés, les parents irresponsables sanctionnés. La justice qui arrête de défendre les coupables, les sociologues de les excuser, les medias de les protéger. L'école qui se montre de nouveau exigeante.

Ce qui manque, c'est un mai soixante-huit à l'envers. Je le souhaite ordonné et légal, nous risquons de l'avoir violent et dictatorial. En France, tout finit par des chansons, mais aussi par des Bonaparte.

En attendant, revenir sur le maternalisme, c'est trop difficile ? Trop pénible ? Pas grave : les honnêtes gens qui en ont les moyens continueront à s'enfermer entre eux et les bonnes âmes à crier aux scandaleuses inégalités.

Tout le monde sera content. Sauf les pauvres. Mais qui s'en soucie vraiment ?

vendredi, janvier 08, 2010

Le drame du double tiret

Comme vous le lirez chez Maitre Eolas, ce drame ubuesque découle de la volonté loufoque du législateur de remplacer le «nom patronymique» par le «nom de famille», c'est-à-dire d'aller toujours plus loin dans le fantasme de l'égalité homme-femme.

Les enfants peuvent porter à égalité le nom de leur père et de leur mère. Vous imaginez le ridicule de la situation à l'horizon de quelques générations.

Je fais donc le commentaire suivant sur le blog d'Eolas :

C’est assez marrant, cette propension du législateur à nier les réalités psychologiques les plus élémentaires.

Rappelons l’adage : «Maman sûrement, papa peut-être». Le nom était celui du père parce que c’était sa manière à lui de s’affirmer le père, de reconnaître l’enfant; affirmation qui n’était pas nécessaire dans le cas de la mère pour les raisons biologiques que vous savez.

Cela découlait aussi du fait que le père représentait l’interdit, les règles, bref, le social.

Je sais bien que, désormais, en nos temps de tests ADN, nous sommes supérieurement intelligents et que nous pouvons bazarder toutes les vieilleries léguées par nos ancêtres.

Permettez moi de le regretter.

Cependant, ça me fait bien rire de constater que ces damnables «nouvelletés» mènent dans des situations ridicules et ubuesques ceux qui s’y livrent. Il y a donc une justice immanente.

(Inutile de me préciser que je suis un vieux con, je suis au courant)


J'aggrave mon cas quelques temps plus tard :

Je trouve cette innovation des doubles noms ridicule et idiote, cela détruit la notion de lignée, puisqu’il n’y a quasiment aucune chance qu’un enfant porte le même nom que son grand-père, nous devenons des êtres tout entiers dans le présent, sans passé ni avenir.

Certains répondent que rien n’oblige, qu’on a le choix.

Mais c’est ce que je reproche à cette loi : de donner la liberté de faire ce que je considère comme une connerie dommageable pour la société.

Je me doute bien que cet avis sera minoritaire, mais quoi ? J’ai bien le droit de me réjouir qu’il y ait des gens qui portent le nom de leur ancêtre qui a fait les croisades ou de leur ancêtre paysan au fin fond du Berry et de regretter qu’avec de telles innovations, ces chaînes qui ont duré des siècles soient détruites en l’espace de quelques décennies et pour quel profit ? Le plaisir facile de satisfaire madame dont on sera peut-être divorcé dans dix ans ?

Une bêcheuse, se croyant évidemment maline, me répond en transposant mon commentaire au féminin.

Nous sommes en plein dans les idioties des demi-habiles, ceux qui se croient assez forts pour changer le monde mais qui n'ont pas l'intelligence d'être humbles vis-à-vis de ce qui s'est fait avant eux. Vous savez, les adeptes du «j'vois pas pourquoi» une femme n'aurait pas exactement les mêmes droits qu'un homme (et vice-versa, pendant qu'on y est). On peut toujours leur répondre que c'est bien ce qu'on leur reproche, de ne pas voir pourquoi, de ne pas être assez intelligents pour voir pourquoi.

Bien sûr, la perte de contact de la pimbêche avec la réalité est flagrante. J'ai commis l'odieux impair de lui rappeler que les rôles psychologiques, éducatifs et sociaux des femmes et des hommes n'étaient pas symétriques et interchangeables (1).

Il y a même un féministe (ça existe) qui a cru bon du surenchérir sur la greluche.

Cette cause est défendue par des médiocres, même pas capables d'être un peu retenus, de tirer des conséquences absurdes de leur cause un peu de modération, mais voilà, ils sont nombreux.

Ce monde me désespère, non seulement nous sommes cernés par les cons, mais aussi par les connes. On n'est pas sorti de l'auberge.

Mais une chose me réconforte, c'est que la bêtise des semperplusultristes (2) finit, à force d'être poussée à bout de sa logique folle, par avoir des conséquences franchement hilarantes. Vous imaginez à la troisième génération ? Albert-Kevin Dupont--Martin----M'Bamba--De la Griotière, fils de Jacques Dupont--Martin et de Marie-Louise M'Bamba--De la Griotière. On n'a pas fini de se marrer.

En revanche, les présentations en début de réunion, ça va être d'un chiant ...

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(1) : ce qui n'implique d'ailleurs aucune supériorité ou domination d'un sexe sur l'autre. Les relations entre les sexes sont bien plus subtiles que les schémas grossiers des doctrinaires ayant abusé du marxisme. Par exemple, il se peut qu'une domination publique se paye d'une soumission privée.

(2) : ceux qui vont toujours plus loin. Vers où ? On ne sait, mais l'essentiel est d'y aller.

Islam, religion de paix d'amour et de tolérance : l'exemple malaisien

Ah oui, j'oubliais : il ne faut pas généraliser, il ne faut pas stigmatiser.

Trois églises ont été la cible d'engins incendiaires en Malaisie, où s'accentue un litige sur le droit des catholiques d'écrire le mot "Allah" dans un pays largement musulman, a-t-on appris aujourd'hui de source officielle. Un des édifices religieux a été incendié et gravement endommagé la nuit dernière dans la banlieue de Kuala Lumpur. Deux autres cocktails Molotov ont été projetés sur deux autres églises mais aucun dégât sérieux n'a été déploré.

"Je prends les événements de cette nuit très au sérieux", a déclaré lors d'une conférence de presse le ministre de l'Intérieur, Hishammuddin Hussein. "Nous tenons à assurer la population qu'il ne s'agissait pas d'actes coordonnés et planifiés", a-t-il ajouté.

Le chef de la police, Musa Hassan, a quant à lui annoncé le déploiement d'effectifs pour protéger les églises alors que des groupes musulmans ont prévu de manifester.

La haute cour de Malaisie a suspendu avant-hier l'autorisation accordée à un journal catholique local d'employer le mot "Allah" après que le gouvernement eut agité la menace de tensions interconfessionnelles dans un pays majoritairement musulman.
Cette même juridiction avait pourtant jugé la semaine dernière que le Herald Weekly, était bien en droit d'utiliser le mot "Allah".

Le gouvernement se prévalait d'une décision du haut conseil national de la fatwa de mai 2008 statuant que le mot "Allah" ne pouvait être utilisé que par les seuls musulmans en Malaisie.

jeudi, janvier 07, 2010

Deux articles sur les quotas de boursiers

Bien sûr, le moteur de cette polémique est l'envie, la haine du talent.

Les quotas de l'absurde


Boursiers : un débat si biaisé

Seguin, les mutins et les Waffen SS

Lorsque Lionel Jospin a décidé de réhabiliter les mutins de 1917, Philippe Seguin a commenté, outré : «Tant qu'à assumer toute notre histoire, pourquoi ne pas réhabiliter les Waffen SS de la division Charlemagne ?»

J'aime cette droiture un peu grande gueule, qui s'efforce de mépriser l'air du temps et la démagogie émolliente.

A l'heure où un ministre de la France (1) croit bon de nous expliquer, certainement avec l'assentiment du président, que notre pays est un «métissage de peuples», il va nous manquer.

Sinon, c'était un politicien : on préférerait se passer de cette engeance, mais puisque nous devons les subir, autant souhaiter qu'ils soient bons.

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(1) : je n'ose écrire «un ministre français». Bien que cela soit juridiquement vrai, ces mots me font mal. La France a déjà eu des ministres étrangers, ce n'est pas un crime en soi, mais nous sommes hélas plus près de Concini que de Mazarin.

mercredi, janvier 06, 2010

Jeunesses climatiques et quand les bouseux se rebellent

Jeunesses climatiques

Jacquerie catholique à Thiberville


Il m'a plu de juxtaposer ces deux nouvelles. D'un coté, le progressisme dans ce qu'il a de plus néfaste ; de l'autre, le bon sens traditionnel paysan contre la technocratie (car il peut arriver qu'un évêque comme un énarque -ce n'est pas un compliment).

Débat sur l'identité nationale : on s'en doutait que ça allait finir comme ça

Eric Besson à La Courneuve :

«la France n'est ni un peuple, ni une langue, ni un territoire, ni une religion, c'est un conglomérat de peuples qui veulent vivre ensemble. Il n'y a pas de Français de souche, il n'y a qu'une France de métissage».

Ce n'est pas parce que le gouvernement est peuplé de gens qui renient notre pays qu'il faut en conclure qu'il n'existe plus.

mardi, janvier 05, 2010

Des quotas ? D'accord, mais pour tous

Vous avez sûrement entendu cette idée du débile de Science Po d'imposer des quotas de boursiers dans les grands écoles (1).

Je suis d'accord à une condition : que le système soit étendu partout. A quand un quota de boursiers chez les élus ?

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(1) évidemment, il est plus facile de baisser le niveau des GE que de monter le niveau des boursiers. Il faudra quand même qu'on m'explique pourquoi ce qui était possible en 1910 ne l'est plus en 2010.

lundi, janvier 04, 2010

Rioufol et la grippe A

La grippe A, symptôme du mal français

Système éducatif français : toujours pas guéri. Et pas près de l'être ?

J'analyse le problème fondamental du système éducatif français comme un problème politique, voire philosophique.

C'est le refus du réel. Le système éducatif français repose sur des fantasmes : l'élève rousseauiste naturellement bon, généreux et intelligent qu'il suffirait de révéler à lui-même par une maïeutique appropriée. Tous sont égaux en talents et en aptitudes.

De ce fantasme initial découle tous les autres : la sélection oppression de classe, l'exigence odieuse survivance passéiste, la transmission lubie de réactionnaires etc.

Or, voici que le journal Le Monde traite des «grandes écoles». Et que préconise-t-il ? Evidemment (1), de détruire ce système qui fonctionne en faveur de l'université qui ne fonctionne pas. On est donc toujours dans la négation du réel.

La prise en compte du réel commande une démarche prudente, humble : ne pas toucher à ce qui marche, essayer de réparer ce qui déconne. C'est bien entendu le contraire qui est préconisé : on est toujours dans le nivellement par le bas, dans l'obsession de couper les têtes qui dépassent, de faire comme si les élèves étaient tous égaux.

Sans compter une question de pouvoir : les grandes écoles échappent de fait au système sociétique de l'EN. C'est insupportable.

Il y a unanimité chez les professeurs de prépas pour constater sur vingt ans une baisse du niveau des élèves en maths et en physique, sous les assauts du pédagogisme.

Courage, camarades ! Vous êtes en passe de réussir. Bientôt, nous serons tous égaux dans la connerie. Pour les journalistes, c'est le cas depuis quelques temps déjà.

Une remarque : les IUT prouvent que les universités sont capables elles aussi de mettre en place des filières reconnues.

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(1) : j'écris «évidemment» car Le Monde est très prévisible dans la connerie. De Gaulle avait bien raison de le surnommer L'immonde.

dimanche, janvier 03, 2010

Quand l'idéalisme médiatique et la démagogie rencontrent la réalité : l'exemple de Guantanamo

Barack Obama a promis de fermer la prison de Guantanamo en un an. Un an plus tard, ce n'est toujours pas fait.

Les démagogues répondront : mauvaise volonté. Tout est si simple dans le monde irréel des idéalistes irresponsables.

Pourtant, il y a eu de multiples tentatives.

Pourquoi alors y a-t-il toujours des détenus sans procès ?

Tout simplement parce que la raison qu'avait GW Bush pour ouvrir Guantanamo persiste : les USA ont capturé des individus qu'ils considèrent dangereux pour leur sécurité sans être en situation de leur faire un procès en bonne et due forme.

En un autre temps, ils auraient tout simplement subi une «corvée de bois» ou un saut dans la mer avec des bottes en béton.

Finalement, Guantanamo est peut-être un progrès.

Ce n'est pas satisfaisant intellectuellement, mais c'est la vie, il arrive qu'elle présente des situations ambiguës où l'on est forcé de choisir la moins mauvaise solution.

Evidemment, cela ne convient pas au manichéisme médiatique ou au sentimentalisme d'estrade, aux «belles âmes» qui font la leçon au monde entier du fond de leur canapé bio-commerce équitable. Dommage qu'on n'entende que ce son de cloches (et quelles cloches !).

Zemmour-Naulleau : misère de la télé

Regardez cette video :

Eric Zemmour contre le show-biz

Ce qui me frappe, c'est que la critique de Zemmour et Naulleau est assez pauvre et mesquine. Et pourtant, à la télé, ça paraît un pic d'intelligence et de brise-tabou.

Cela montre le conformisme totalitaire de la télé : la moindre opinion qui dérange, qui dérange vraiment, pas le dérangement préfabriqué en carton-pâte des professionnels de la rebellitude, lui est insupportable.

Et je pense avec angoisse à l'idée de Pierre Chaunu : le premier pouvoir, celui qui oriente les idées, c'est le pouvoir médiatique. On n'est pas sortis de l'auberge.

Le jour où la «réacosphère» passera à la télé, ça sera pour un jeu de lynchage.

Nota : les saltimbanques télévisuelles sont vraiment des cons !

samedi, janvier 02, 2010

Islam, religion de paix, d'amour et de tolérance : l'exemple danois

Ah oui, j'oubliais : il ne faut pas généraliser, il ne faut pas stigmatiser.

Un Somalien armé d'une hache et d'un couteau a tenté d'assassiner l'un des dessinateurs danois des "caricatures de Mahomet" chez lui hier soir, selon les services de renseignements du Danemark. La victime désignée, Kurt Westergaard, a alerté la police qui a arrêté l'agresseur, un Somalien de 28 ans soupçonné d'implication dans des activités terroristes en Afrique de l'Est.

Le suspect a cassé une fenêtre au domicile du dessinateur peu après 22h, dans la ville d'Aarhus, située à 200km au nord-ouest de Copenhague. Kurt Westergaard, âgé de 75 ans, s'est réfugié dans une chambre forte avec sa petite-fille âgée de 5 ans, qui passait la nuit chez lui, et a pressé un bouton d'alarme.

Les policiers sont arrivés deux minutes plus tard et ont essayé d'arrêter l'agresseur, qui a été blessé par balle au genou et à la main par un agent qu'il menaçait avec sa hache, a affirmé Preben Nielsen. Le suspect, qui possède un permis de séjour au Danemark, devait être inculpé aujourd'hui de tentatives de meurtre contre Westergaard et un policier.

Vigiles donc coupables ?

Encore un exemple de maternalisme : apriori, le voleur est la victime, c'est aux forces de l'ordre de démontrer le contraire.

Je ne suis pas surpris que le procureur verse dans ce maternalisme : ça fait au moins vingt ans que la justice française est persuadée que sa mission est de défendre les délinquants contre la société.

Vigiles donc coupables ?

Appel au peuple : la féminisation de l'enseignement, un fléau pour l'éducation ?

La féminisation de l'enseignement, un fléau pour l'éducation ? Si on me demandait mon avis (je suis sur mon blog, alors je peux le donner !), je répondrais positivement (1).

Mais je manque d'éléments pour confirmer ou, le cas échéant, infirmer mon opinion. Témoignages ? Réflexions ?

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(1) : sans compter l'éternel problème de la poule et de l'œuf : le métier d'enseignant est-il dévalorisé parce qu'il y a plus de femmes ou y a-t-il plus de femmes parce qu'il est dévalorisé ?

vendredi, janvier 01, 2010

Il n'est jamais trop tôt pour mal faire : la désinformation commence dès le 1er janvier

Publié dans Le Point (c'est moi qui souligne ), journal point extrémiste dans la bien-pensance :

La nuit de la Saint-Sylvestre a été plutôt calme en France, selon le bilan publié vendredi par le ministère de l'Intérieur, qui fait état de 549 interpellations, la plupart pour des incendies de voitures. "La nuit de la Saint-Sylvestre s'est bien déroulée sur l'ensemble du territoire national", a souligné le ministre Brice Hortefeux.

Au total, 549 personnes ont été interpellées (contre 288 l'an dernier) et 481 placées en garde à vue (contre 219 l'an dernier), selon le bilan définitif. "Ces résultats sont la conséquence de l'engagement important et de la réactivité des 45.000 policiers et gendarmes, qui a permis d'assurer une présence dissuasive qui a contribué au maintien de l'ordre public et au caractère festif de cette nuit du 1er janvier", a estimé le ministère de l'Intérieur.

Quant au nombre de voitures brûlées, il a "légèrement" diminué par rapport à l'an dernier, s'élevant à 1.137, contre 1.147 un an plus tôt, selon les chiffres de la Place Beauvau. Sur Paris et les trois départements de la petite couronne (Seine-Saint-Denis, Hauts-de-Seine et Val-de-Marne), le nombre des véhicules brûlés a diminué "dans des proportions sensiblement plus importantes qu'au plan national", a précisé le ministre. Le nombre de voitures brûlées est en baisse de plus de 20 %, à 198, contre 248 il y a un an.

Année 2010 : cerné par les cons

J'ai un mauvais pressentiment pour 2010.

A lirez les contributions de différents commentateurs sur différentes sites, j'ai bien peur que l'année 2010 soit dans la droite ligne de 2010 : cerné par les cons.

Courage, on les aura !

Quand le Vatican brisait la loi du silence

Article de François Miclo dans Causeur. Je le copie car je n'en peux plus de «l'émeute contre les morts», cette manière ridicule de prétention et de vanité qu'a notre époque d'expliquer aux morts ce qu'ils auraient du faire.

Pie XII, pape bavard


Publié le 01 janvier 2010 à 06h00

Notre époque porte sur l’histoire un regard insensible. Elle considère le passé non pas tel qu’il a été, mais tel qu’elle voudrait qu’il fût. Elle sermonne les morts, leur dicte une conduite, ne rechigne pas à l’anachronisme pour les juger au nom de principes qu’elle ne s’applique jamais à elle-même, mais qu’elle leur demande rétroactivement de respecter. Notre époque n’est pas historienne : elle est vindicative. Tenter de comprendre les hommes et leurs raisons, dans le temps, le système de représentations et les circonstances qui furent les leurs, penser la complexité sans la réduire à une rationalité binaire : là n’est ni son fort ni son objet. Ce qu’elle veut, ce sont des coupables.

Des coupables, oui. Mais pas n’importe lesquels. Il lui en faut trouver d’exemplaires, par qui elle puisse se livrer tout entière à ce qui caractérise aujourd’hui l’Occident chrétien : la haine de soi. Notre époque hait ce qu’elle est, et voue à la détestation tout ce qui la fonde. Et comme elle tire son existence entière de Rome et de l’Eglise (jusqu’à l’athéisme, posture philosophique impossible en dehors du christianisme), c’est l’Eglise romaine que l’on charge de la culpabilité maximale.

Regardons “l’affaire Pie XII”. On critique avec aplomb son prétendu “silence” pendant la Shoah, on le soupçonne de collusion avec le régime nazi, on imagine les postures héroïques qu’il aurait pu adopter pour mettre fin à la persécution. On en vient à oublier l’essentiel : le “silence” de Pie XII n’est pas une réalité historique, mais une fable.

En 1963, la pièce Der Stellvertreter, est montée à Berlin. Elle entend dénoncer “les hésitations et le silence” de la papauté face au nazisme et aux persécutions dont les juifs ont été victimes pendant la guerre. Pie XII nous y présenté comme un couard, plus inquiet de la protection des biens matériels de l’Eglise que du salut des juifs.

La pièce vient à point nommé, nous apprend Ian Pacepa (1), ancien lieutenant général des services secrets roumains passé à l’Ouest à la fin des années 1970. Conseillé par Alexander Shelepin, patron du KGB, Nikita Kroutchev a entrepris, depuis le début des années 1960, de livrer à l’Eglise catholique, dont il mesure les capacités de résistance et de nuisance, une lutte sans merci à l’intérieur du bloc soviétique. En Hongrie, les services secrets venaient d’avoir la peau du cardinal Mindszenty, un prélat aussi intransigeant avec les communistes qu’il l’avait été, dès le milieu des années 1930, avec Szálasi et les nazis des Croix fléchées. Même si Mindszenty avait pu se réfugier in extremis à l’ambassade américaine de Budapest (il y restera cloîtré quinze ans !), une victoire avait été remportée. Maintenant, il fallait jouer plus fort encore. C’est ce que fit le général Ivan Agayants, chef de la désinformation du KGB, en commandant à Rolf Hochhult (2) une pièce jetant le discrédit sur l’action du Vatican pendant la guerre. Pie XII était mort, il ne s’en plaindrait pas. Ainsi sont nés Le Vicaire et la légende du “silence coupable” de Pie XII.

D’ailleurs, qu’est-ce qu’un dramaturge allemand comme Rolf Hochhult pouvait en avoir bien à faire de l’attitude du pape pendant la guerre ? En Allemagne, le catholicisme est une religion minoritaire et, si le scandale existe, c’est celui du protestantisme. Le gros de l’électorat nazi est protestant – et le ralliement tardif du Zentrum catholique et de Franz Von Papen reste un phénomène marginal (3). Malgré des héros comme Dietrich Bonhöffer ou Martin Niemöller, l’Eglise luthérienne ne se contenta pas de garder le silence face à l’irrésistible ascension d’Adolf Hitler. Elle en épousa la cause et les convictions, se rallia corps et âme au parti nazi et trouva dans son antisémitisme une heureuse réalisation de l’antijudaïsme de Martin Luther. Qu’on se souvienne du Juif Süss, commandé en 1940 par Goebbels (il supervisa le tournage) à Veit Harlan : la référence de la “révolution allemande”, de cet “antisémitisme qui sauvera le Reich”, c’est Luther. Qui trahit le peuple allemand et protestant du Wurtemberg dans ce film de propagande ? Ce sont les catholiques et leurs alliés juifs.

Avant la publication de la pièce de Rolf Hochhult, on célébrait unanimement l’action de Pie XII en faveur des juifs pendant la guerre. Certes, comme le rappelait récemment dans Le Monde l’excellent Patrick Kéchichian, Paul Claudel se plaignait fin 1945 auprès de Maritain du caractère “inaudible” de la condamnation du nazisme par Pie XII. Mais Pie XII fut à Claudel aussi inaudible que de Gaulle pendant la guerre. C’est qu’on ne peut pas être partout : écrire Paroles au Maréchal et écouter radio Vatican (4). Pendant ce temps, Golda Meir rendait hommage à Pie XII. Les rescapés des camps venaient à Rome le remercier pour ce qu’il avait fait. La vérité, crue et scandaleuse aujourd’hui, est qu’il n’y eut certainement pas, dans l’histoire de la chrétienté, de pape plus proche des juifs que Pie XII. Voilà où réside l’héroïcité de ses vertus.

Sûr, à l’époque, Pie XII n’encombra pas les plateaux télés pour se plaindre. Il ne participa ni à “On n’est pas couché”, ni au “Grand Journal” de Canal+. On ne le vit pas se répandre en larmes chez Pascale Clark. Il se contenta de participer, avant de devenir pape, à la rédaction en 1937 de l’encyclique de son prédécesseur Pie XI : Mit brennender Sorge, condamnation explicite du nazisme. Il se contenta, une fois élu au siège de Pierre, de consacrer sa première encyclique, Summi pontificatus, à dénoncer le racisme et le culte de l’Etat. Elle fut aussitôt larguée par les avions britanniques sur l’Allemagne à plus de 100 000 exemplaires. Il demanda aux universités catholiques de délivrer un enseignement contre l’antisémitisme, fidèle à la lettre de Summi pontificatus et à ce que le Souverain Pontife professait déjà en 1938 : “Nous, chrétiens, sommes spirituellement des sémites.” Il alerta les Alliés, américains et anglais, sur les persécutions dont les juifs étaient victimes. Mais la libération des camps de la mort n’était pas, pour eux, une priorité de la guerre ni un objectif militaire – un “point de détail”, sans doute. Pie XII se contenta aussi, dans son message de Noël 1942, d’évoquer «”les centaines de milliers de personnes, qui sans aucune faute de leur part, parfois seulement en raison de leur nationalité ou de leur lignage, sont destinées à la mort ou à un dépérissement progressif”, avant de faire diffuser ce message, en juin 1943, sur les ondes de Radio Vatican : “Quiconque établit une distinction entre les Juifs et les autres hommes est un infidèle et se trouve en contradiction avec les commandements de Dieu.” Il n’y a pas, pour un chrétien, d’excommunication plus directe.

Pie XII parla. C’était un pape bavard. Il parla beaucoup. Mais il agit aussi, levant la discipline de certaines institutions religieuses (afin que des hommes juifs pussent notamment rentrer dans les carmels et y trouver protection), finançant des réseaux et des filières, aidant là où il le pouvait. Les historiens avancent un chiffre de plusieurs dizaines de milliers de juifs, qui auraient bénéficié de la sollicitude du Pontife.

Ce qu’il y a de miraculeux, dans cette affaire, ce fut que Pie XII ne garda pas le silence et ne se réfugia pas dans l’inaction. Il aurait pu. Tout l’y incitait. Lorsqu’il avait prêté sa main en 1937 à Pie XI pour écrire l’encyclique Mit brennender Sorge, il en avait éprouvé les lourdes conséquences. Aussitôt l’encyclique parue, les nazis arrêtèrent dans les Länder catholiques du sud de l’Allemagne près de 1 100 religieux et prêtres. Ils dévastèrent les évêchés de Munich, de Fribourg et de Rottenburg, avant de dissoudre les organisations catholiques et de proscrire l’enseignement catholique dans le Reich.

Les plus de 300 prêtres et religieux qui moururent en déportation à Dachau furent la plus grande douleur de Pie XII. S’ils étaient morts, c’était sa faute. Lui, et pas un autre – il en était convaincu – les avait précipités au martyr. Jamais il n’en ferait le deuil. Par une simple parole, il avait livré plus de 300 femmes et hommes à leurs bourreaux. Y a-t-il une chose plus exécrable quand on a voué sa vie à la Vie ?

Il se souvint aussi de la protestation publique, en août 1942, de ses évêques hollandais contre les persécutions. Les nazis répliquèrent par des persécutions plus atroces encore, arrêtant et déportant, en une seule nuit, 40 000 juifs hollandais, dont de nombreux juifs convertis au catholicisme tels Edith Stein. La Hollande détint, dès lors, le plus triste record de la persécution : 85 % de ses juifs disparurent dans les camps de la mort. Toute parole de l’Eglise condamnait plus qu’elle ne protégeait : voilà la vérité (5).

La “prudence toute diplomatique” dont on accuse Pie XII aujourd’hui n’est pas de la prudence, encore moins de la couardise. C’est la simple prise en compte du réel : en Allemagne et dans une Europe livrées à l’un des pires systèmes totalitaires, il ne suffit pas de signer une pétition depuis son confortable appartement pour faire changer les choses. On essaie uniquement de mener la politique des petits gestes, de sauver ceux que l’on peut sans attenter à la vie d’un plus grand nombre. Car, face au déferlement de la totalité sur soi, c’est elle seule, cette politique des petits mouvements, qui peut sauver non seulement des hommes, mais aussi la part humaine qui est en nous. Peter Sloterdijk oppose à la grandiloquente politique idéaliste, héritée du romantisme dix-neuviémiste et d’un héroïsme très Sturm und Drang, la politique des “petits gestes”. Dans un système totalitaire, on ne joue pas héroïsme contre héroïsme. On joue comme on peut. Et finalement on ne joue pas. Car ce n’est pas un jeu.

Voilà Pie XII. Désolé, ce n’est pas un super-héros. Vous ne trouverez en lui rien de Flash Gordon ni de Catwoman. Il n’a pas retroussé ses manches pour dévoiler ses biscoteaux antiracistes, comme n’importe lequel d’entre nous qui n’a pas vécu en son temps l’aurait, bien entendu, fait. Il a essayé simplement d’agir en homme parmi les hommes. Et c’est cela, précisément, que l’on appelle la sainteté.

Chaque catholique y est appelé. Parfois, l’Eglise en prend l’un ou l’autre et décide de l’élever à la dignité de ses autels. Pie XII, ne le mérite-t-il pas ? Allez savoir. C’est à Benoît XVI d’en décider. Dieu seul en sera juge.

C’est que les chemins de la sainteté ne correspondent pas en tout point à ceux de la Star Academy. Baiser dans la piscine, montrer ses nichons à la caméra, plaire aux médias : tout cela ne suffit pas pour être un saint. Les votes du public n’ont pas cours auprès du Dieu des catholiques. Les vaines déclarations, non plus.

Un saint est, avant tout, un témoin. Non pas celui qui témoigne à charge et qui enfonce l’accusé, mais qui essaie, par ses moyens humains, toujours modestes face aux implacables machineries des Etats et des idéologies, de le sauver. Ce témoin, Pie XII l’a été pour d’innombrables juifs. Il l’a été aussi pour l’Eglise universelle. Sa théologie inspira Vatican II : c’est dans son encyclique Mystici Corporis que la Constitution Lumen Gentium va puiser ses définitions et son sens. Avec Mediator Dei, il amorce, dès 1947, la réforme liturgique que Vatican II n’aura qu’à valider.

Le principal problème de Pie XII demeure : il a été pape. Voilà la difficulté. Elle ne lui sera jamais pardonnée par ces gens qui se considèrent être nés de la cuisse d’Œdipe et de Jupiter réunis, plutôt que de la jambe de saint Paul. Les pauvres, pardonnez-leur, ils ne savent pas d’où ils viennent.

En attendant, les catholiques ont de bonnes raisons de vénérer Pie XII. Pour son action, ses paroles et son silence qui appelle chaque être à l’éthique de responsabilité.

1. Ian Mihai Pacepa, Red Horizons : Chronicles of a Communist Spy Chief, Regnery, 1987.

2. Si Rolf Hochhuth dénonce les silences de Pie XII, il garde bien, quant à lui, le silence sur son propre embrigadement dans les Hitlerjugend. Cette période peu glorieuse de sa jeunesse lui reviendra plus tard en tête, quand il se mettra à s’afficher avec des négationnistes tels que Daniel Irving ou à publier des articles dans des revues d’extrême droite. Allez savoir pourquoi.

3. Pie XII retire à Franz Von Papen le titre de chambellan pontifical que Pie XI lui avait octroyé avant guerre et refuse qu’il soit nommé ambassadeur du Reich auprès du Saint-Siège. Il devra attendre que Jean XXIII lui restitue son titre honorifique.

4. “France, écoute ce vieil homme sur toi qui se penche et qui te parle comme un père. Fille de Saint-Louis, écoute-le ! Et dis, en as-tu assez maintenant de la politique ?” Paul Claudel, Paroles au maréchal, 10 mai 1941.

5. Le lendemain de l’annonce des représailles nazies contre la déclaration des évêques hollandais, sœur Pascalina Lehnert, gouvernante du pape, raconte que Pie XII vint la trouver dans sa cuisine pour brûler dans le poêle deux grandes feuilles “couvertes d’une écriture serrée” : “Je voudrais brûler ces feuilles : c’est ma protestation contre l’affreuse persécution des juifs. Elle devait paraître ce soir dans l’Osservatore Romano. Mais si la lettre des évêques hollandais a coûté 40 000 vies humaines, ma protestation en coûterait peut-être 200 000. Je ne dois ni ne veux prendre cette responsabilité.” S. Pascalina Lehnert, Pie XII, mon privilège fut de le servir, Tequi, 2000.