mardi, février 24, 2009

Quelles sont les qualités pour faire un bon PDG ?

Je continue l'exploitation de Black Swan.

Le monde est beaucoup plus chaotique et désordonné que les hommes, à part quelques exceptions comme Montaigne, Poincaré et moi, l'imaginent habituellement. Les gens de pouvoir ont donc beaucoup moins d'influence sur le cours des choses qu'ils le croient et s'en glorifient. Le hasard joue un rôle majeur.

Un homme de pouvoir véritablement intelligent (ils sont rares : un gouvernant se distingue surtout par son ego surdimensionné qui lui permet de prendre des décisions qui effrayeraient de plus modestes, pas par son intelligence) comme Churchill n'hésitait pas à le reconnaître.

NNT cite l'exemple de hauts dirigeants d'une société qui l'employait. Ils se sont réunis pour élaborer un génial plan à cinq ans. Six mois plus tard, cette société faisait faillite et ils étaient tous mis à la porte.

Etant entendu qu'un PDG a beaucoup moins d'influence que lui et ses courtisans le croient, quelles sont les qualités qui, d'après NNT, font un bon PDG ?

> la capacité à supporter le décalage horaire sans montrer de signe de fatigue.

> l'aptitude à sembler constamment intéressé tout au long de réunions profondément ennuyeuses qui s'étirent pendant des heures.

> S'exprimer avec une conviction qui fait paraître géniaux des propos d'une banalité qu'on ne pardonnerait pas dans une rédaction de lycéen.

C'est certes très irrévérencieux, mais, à bien y réfléchir, ce n'est pas si faux.

Je me suis souvent posé la question de Kagemusha, l'ombre du guerrier : si, comme dans ce film de Kurosawa, les courtisans s'entendaient pour remplacer le maître par un sosie, qui s'en apercevrait ?

Rares sont les sociétés, grandes ou moyennes, à avoir un patron qui a un style intellectuel difficilement imitable, une véritable originalité, à faire des choses qu'eux seuls peuvent faire, probablement Steve Jobs chez Apple, mais regardez Bill Gates par exemple : ces interviews sont d'une grande banalité. Après avoir lu dix interviews de Bill Gates, vous êtes capable d'en rédiger une onzième qui passera comme une lettre à la poste auprès de n'importe quel journal. Et ainsi du reste, me semble-t-il.

4 commentaires:

  1. Je me permets de vous conseiller "Faits et Foutaise en management" de Robert Sutton. Un régal

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  2. "C'est certes très irrévérencieux, mais, à bien y réfléchir, ce n'est pas si faux."

    En fait, c'est logique.

    1) Le PDG doit être une locomotive, il doit tirer les wagons. Et l'exemple doit venir d'en haut : si le PDG ne semble pas y croire un minimum, ne se montre pas intéressé, cela finit par se casser la figure. En d'autres termes, l'enthousiasme est communicatif.

    Si le charme agit bien et si le recrutement a été opéré comme il faut, les employés développent une bonne dose de responsabilité qui fait qu'ils tendent à faire ce qui est naturellement attendu d'eux (de fait, le PDG fait moins les choses de lui-même). Bref, le PDG crée un cadre et donne une direction, et les employés se placent dans le cadre et l'orientation présentée si c'est bien venu (bon, il y a d'autres paramètres bien sur, pour la motivation, par ex, comme l'investissement - réel et ressenti par les employés - en regard des objectifs annoncés par ex).

    2) La confiance en soi et la conviction permettent de mieux attirer l'argent et les capitaux. On prête à ceux qui sont riches, à ceux qui en sont riches.

    C'est un peu comme les policiers. Dans les couples de policiers, il faut un gentil et un méchant qui jouent de concert. Idéalement, il faudrait toute une équipe à la tête d'une entreprise, une équipe qui fonctionne de concert. Un convaincu qui prêche la bonne parole et un techos qui fait que l'on va dans la bonne direction. S'ils fonctionnent bien ensemble, et avec un peu de chance, leur role se renforce l'un l'autre. Sinon, dans le pire des cas, ils peuvent se détruire mutuellement.

    PS : Bill Gates n'est pas si banal que cela, si mou que cela. On ne devient pas la 1ère fortune du monde par la seule force du hasard, sans une certaine poigne. Il joue un double role, comme les couples de policiers ou comme les éponges à récurer. Dur à l'intérieur pour ses employés (quand il faut) et ses concurrents et l'air doux pour rassurer le public qu'une des premières firmes au monde ne veut que le bien public (soit-disant).

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  3. > la capacité à supporter le décalage horaire sans montrer de signe de fatigue.

    > l'aptitude à sembler constamment intéressé tout au long de réunions profondément ennuyeuses qui s'étirent pendant des heures.

    > S'exprimer avec une conviction qui fait paraître géniaux des propos d'une banalité qu'on ne pardonnerait pas dans une rédaction de lycéen.

    Superbe ! Continuez camarade.

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  4. Bill Gates était le boss a redmond mais la réussite de Microsoft doit beaucoup à Steve Ballmer qui était le boss partout en dehors des frontières de redmond (patron du Marketing et des ventes ...). Ballmer est d'ailleurs devenu le PDG de Microsoft en 2000 à 44 ans. Il est loin d'être très banal. Je vous laisse juger en regardant comment il vendait la première version de windows

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