samedi, janvier 17, 2009

La folie injectrice (13) : les malheurs de Bank of America

Rappelons les termes du débat :

> les étatistes, c'est-à-dire 99 % de ceux que l'on entend, soutiennent que la crise entraine une tétanisation excessive des acteurs économiques et que les Etats doivent soutenir la demande et les canards boiteux à coups de déficit public pour éviter l'effondrement de l'économie.

> les libéraux soutiennent eux que la prudence des acteurs économique est légitime, que la juger «excessive» est subjectif et ne repose sur rien (1) et que les interventions de l'Etat ne font que contrarier les ajustements économiques, au risque de transformer une récession en dépression.

Je pensais que le sauvetage des banques était nécessaire mais a minima.

Or, ne voilà-t-il pas que les événements tendent à montrer que l'analyse des libéraux a peut-être quelque fondement.

Bank of America, après avoir entrepris d'acheter Merril Lynch, avait renoncé à cette opération par prudence. Mais, sous la pression des autorités et de leur dévouement obsessionnel vis-à-vis des banques en difficulté, BofA a finalement réalisé ce rachat contre son gré.

Aujourd'hui, elle est de ce fait en grand péril. La sollicitude étatique a donc abouti à mettre en danger une grosse banque plutôt qu'à en laisser mourir une moyenne.

Je trouve que ça n'entre pas mal dans le thème «les interventions étatiques transforment une récession brutale et courte en une dépression longue et profonde».

Une raison toutefois d'être optimiste : l'économie apparait tout de même très résistante et il se pourrait qu'elle soit forte au point d'arriver à surmonter les obstacles mis à son rétablissement par les Etats.

(1) : car il n'y a aucune raison que les hommes de l'Etat en sachent plus long que les autres

7 commentaires:

  1. Le problème actuel est de sortir du credit crunch. Et pour en sortir il faut éviter des faillites bancaires qui auraient hélas pour effet immédiat la congestion des circuits financiers. Si la monnaie n'a plus de vélocité, la croissance aura du mal a revenir.

    Cf lire l'interview suivant qui détaille bien concretement les difficultés des entreprises avec les banques (gestion de la trésorerie au quotidien / credit crunch) et souligne l'effet desastreux qu'aurait des faillites de banques à répétition.

    http://bourse.lci.fr/news.hts?urlAction=news.hts&idnews=AOT090114_00015010&numligne=7&date=090114

    end
    Bref la situation n'est pas simple.

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  2. Comme vous l'avez compris, je suis très perplexe sur le sauvetage des banques sans y être totalement opposé.

    Quant à tous les autres sauvetage (assurances, automobile, ...), ils sont purement et simplement malvenus, démagogiques et dangereux.

    Un lien en vaut un autre :

    http://www.objectifliberte.fr/2009/01/interview-mart-laar.html

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  3. Mon lien avait pour objectif d'illustrer ce qui peut se passer concretement en ce moment au niveau des entreprises (versus des discours de politiques ou d'économistes et universitaires divers dont je me méfie - surtout ceux qui n'ont jamais été des entrepreneurs dans leur vie).
    Je suis comme vous, pas forcément attaché à des sauvetages de banques qui ont mal été gérées, mais il s'avère que des faillites bancaires en série seraient assez destructrices pour l'économie "réelle" (ie celle des producteurs et consommateurs de biens et de services).

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  4. Le sauvetage des banques présente deux risques :

    > l'alea moral : on peut faire n'importe quoi puisque l'Etat nous sauvera.

    > l'intrusion de l'Etat dans les banques, avec ce que cela comporte de corruption de clientélisme, d'incompétence, de décisions désastreuses sous couvert de bonnes intentions (cf le Crédit Lyonnais).

    Le premier risque peut être partiellement levé en rendant le sauvetage étatique très douloureux pour les dirigeants des banques, leurs actionnaires, leurs créanciers et leurs employés.

    Par contre, je ne vois pas comment peut être évité le deuxième risque, qui est inhérent à ce que sont l'Etat et les hommes de l'Etat : n'étant pas mus par des pressions économiques mais par des pressions électorales, ils ne peuvent que prendre des décisions néfastes, puisque issues de motivations incohérentes avec leur objet.

    Demander à un homme de l'Etat de gérer une banque, c'est comme se contraindre à choisir une voiture pour faire du bateau : quelle que soit l'intelligence qu'on met dans le processus, la situation est viciée.

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  5. Vu dans la presse :

    Le gouvernement britannique a annoncé, lundi 19 janvier, qu'il garantirait les actifs toxiques des banques qui le souhaitent. En échange, elles paieront une commission, et, a spécifié le chancelier Alistair Darling à la BBC, devront "s'engager légalement à prêter plus d'argent".
    L'Etat britannique se propose donc de devenir un assureur "version catastrophe naturelle" des établissements financiers.

    Dommage que Margaret Thacher ne soit plus, parait-il, en état de commenter l'actualité, il aurait été interessant de l'entendre sur la question ...

    "I want my money back"

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  6. «devront "s'engager légalement à prêter plus d'argent".»

    L'attitude des gouvernements est étrange, ils se proposent tous de guérir le mal (trop de dettes pourries) par le mal (encore plus de dettes pourries).

    On me dira que prêter à une PME en difficulté, ce n'est pas la même chose qu'un crédit subprime, mais justement, je ne vois pas la différence : un défaut de crédit, c'est toujours un défaut de crédit.

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  7. Je pense qu'ils essayent d'appliquer une réponse monétaire à la crise, avec deux objectifs :

    - Augmenter la quantité de monnaie disponible pour l'économie (Cf les injections étatiques ou les interventions de la fed). Tout ça c'est de l'argent nouveau qui se retrouve en dépot dans les banques.

    - Obliger les banques à prêter plutot que d'éponger leurs pertes, ceci pour donner de la vélocité à cette monnaie nouvelle.

    En toute rigueur si la masse monétaire disponible augmente et qu'elle prend de la vélocité ça va se traduire par de la croissance et de l'inflation.

    Reste à voir si les masses injectées seront suffisantes ... et si la confiance va revenir.

    Lors de la grande depression la masse monétaire s'était réduite d'un tiers entre 1929 et 1933. Je pense qu'ils veulent a tout prix éviter ce scénario.

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