mardi, juillet 01, 2008

Histoire critique de la résistance (D. Venner)


Je lis la NRH avec plaisir, mais de temps en temps, le néo-pétainisme me barbe.

Ce n'est pas que ce livre qui remet sainement à sa place l'idée fausse comme quoi la Résistance serait de gauche (1) et le collaborationnisme de droite soit factuellement faux, autant que je peux en juger, mais l'interprétation des faits est tendancieuse.

Par exemple, dans la plus pure veine pétainiste, le retrait britannique de France de mai-juin 40 est présenté comme une trahison. C'est bien beau, mais qu'eussent-ils pu faire d'autre ?

La politique de la Résistance est assez glauque : entre les communistes qui la récupèrent honteusement et les pétainistes façon Mitterrand qui s'interrogent sur le meilleur moment de retourner leur veste, ce n'est pas très reluisant. On préferera ce souvenir des morts.

C'est probablement une des explications du relatif silence de De Gaulle sur la Résistance dans ses mémoires, à part la célèbre page sur Jean Moulin.

Le reproche fait à De Gaulle d'avoir divisé les Français est controuvé : de fait, les Français étaient divisés, l'unanimisme ne pouvait que jouer en faveur de la collaboration, faire le constat de cette division, c'était faire oeuvre de vérité et de courage.

Cependant, Venner insiste avec raison sur plusieurs points :

> le peu d'efficacité militaire de la résistance armée en France, notamment pour cause d'incompétence, la plus grosse bourde étant le Vercors. L'idée même de concentrer des maquisards dans des camps retranchés est contraire à la philosophie de la guerilla.

Venner a des mots cruels en comparant les maquisards du Vercors attendant tranquillement l'assaut allemand sans s'entrainer aux garnisons de la ligne Maginot de 1940. A contrario, les rares maquis qui ont été commandés avec une claire compréhension de ce qu'est une guerilla ont obtenu de bons résultats.

Les réseaux de renseignement, plus de discrets, ont certainement été plus efficaces.

> la volonté d'escalade sanglante (criminelle et irresponsable ?) des communistes. En contrepoint, Venner cite la résistance danoise qui s'est abstenue de tuer des Allemands pour ne pas entrainer de représailles sur les civils mais dont l'efficacité militaire soutient très bien la comparaison avec la résistance française.

> enfin, les «résistants de septembre» et l'épuration sauvage sont une tache sur l'histoire de la résistance. Venner va jusqu'à écrire que les communistes se sont servis de l'épuration pour éliminer ou réduire au silence les notables et les personnalités susceptibles de contrecarrer leurs politiques collectivistes.

Par ailleurs, c'est une remarque de bons sens que de constater que de septembre 1944 à mai 1945, là où se jouaient les places de pouvoir de l'après-guerre, la plupart des authentiques s'étaient engagés dans l'armée.

On peut lire Les vacances de la vie, d'Alphonse Boudard.

De véritables résistants, comme Frenay, furent très vite dégoutés par le résistantialisme. On me manquera pas de rappeler que Julien Freund s'éveilla à la politique et conçus ses premières idées de la politique comme violence en voyant des maquisards communistes exécuter sommairement des gens pour des raisons sans rapport avec la Vichy et les Allemands mais très en rapport avec les jalousies sociales et personnelles. Sommet de l'horreur : ce chef de maquis qui fait exécuter son ex-maitresse, après l'avoir laissée violer par ses hommes, sous prétexte qu'il se rappelle soudain qu'il l'a vue entrer à la Gestapo.

(1) : Venner cite un savoureux passage du journal du philosophe Alain, radical bon chic bon genre, expliquant qu'il ne faut pas que les types comme De Gaulle gagnent et, pour faire bonne mesure, que lui, Alain, est un admirateur de Mein Kampf !

La parenté entre socialisme et national-socialisme n'est pas qu'un hasard sémantique et tout le monde n'a pas la lucidité et la force d'âme d'un Léon Blum.

Jacques Ellul n'a pas tout à fait tort d'écrire à l'été 1945 que si Hitler a perdu militairement, il a gagné politiquement. Bien entendu, dans la France de 2008, patrie du socialisme réel, ce message est inaudible, il brise trop de tabous.

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