lundi, mai 19, 2008

Meuh non, l'éducation nationale ne fait pas naufrage

Quand le langage SMS envahit les copies du bac

A ceux qui trouveraient désuette cette préoccupation de l'orthographe, je peux répondre :

> le souci de l'orthographe a grandi à mesure que l'illettrisme reculait, ce n'est sans doute pas un hasard. Bien entendu, tout le monde écrirait-il comme un manche qu'on écrirait mieux dans les beaux quartiers. Encore une superbe victoire de l'école nationale, progressiste et sociale que de réserver l'orthographe correcte aux nantis.

> l'orthographe et la grammaire sont les premières formes apprises de pensée construite et rigoureuse, quelquefois les seules. J'ai tendance à estimer que qui écrit comme un pied pense comme un pied.

Les employeurs font le même raisonnement (et une palme de plus pour notre école nationale, progressiste et sociale qui aide les entreprises à bien choisir. Triple ban et vive l'égalité des chances !).

> écrire correctement, n'est-ce pas une politesse vis-à-vis du lecteur ? Il est vrai que la politesse, de nos jours ... Ce n'est pas une raison pour donner à l'impolitesse l'autorité de l'école.

6 commentaires:

  1. Merci Franck pour cette politesse. C'est effectivement si rare de nos jours. Il n'y a qu'à lire le blog de Jean-Michel Apathie (encore qu'il ait fait des efforts pour se relire, tant les lecteurs étaient exaspérés)!
    Et Bravo pour ton blog et ta clairvoyance !

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  2. Tiens, pour montrer que tout va dans le bon sens : pour obtenir le brevet des collèges, cette année, il faut un niveau minimum en anglais. Belle idée.
    On s'attend à ce que le niveau demandé soit celui d'un élève de fin de troisième (niveau B1), mais en fait pas du tout, le niveau demandé est celui d'un élève de fin de cinquième (A2).
    Au moins comme ça c'est clair.

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  3. ***le niveau demandé est celui d'un élève de fin de cinquième (A2).
    Au moins comme ça c'est clair.***

    Je croyais naïvement que pour avoir un examen il fallait non pas 20 de moyenne mais 10. Donc produire des choses à moitié ratées. Des exercices de troisième à moitié ratés, cela ne se rapprocherait-il pas déjà un peu d'un niveau de fin de 5ème ?

    D'autre part et surtout, 10 est une moyenne générale, à laquelle, si votre formulation est exacte, on ajoute une exigence supplémentaire : mettons que ce niveau de fin de 5ème se traduise par un 7, cela veut dire qu'outre la moyenne générale, il ne faut pas tomber en-dessous de 7 en anglais. Avant on pouvait avoir 2, pourvu qu'on se rattrape en français et en maths. C'est donc le signe d'un effort spécifique pour que les petits Français s'ouvrent mieux au monde à travers les langues étrangères. Reste à savoir si les moyens suivent et si ce n'est pas un de ces effets d'annonce dont ni l'Elysée ni la rue de Grenelle n'ont perdu l'habitude en mai 2007, bien au contraire !

    Encore une fois, halte au dénigrement irresponsable de l'enseignement public français !

    Bouclez-la, ou baissez le ton et proposez des solutions complètes et financées !

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  4. A FD :

    «Proposez des solutions complètes et financées»

    Je propose depuis longtemps le chèque-éducation et la liberté scolaire.

    Et je fais le pari que ça couterait moins à l'Etat que l'EN actuelle.

    Dans le fond des tiroirs de l'institut Montaigne, il doit trainer un rapport sur le sujet.

    A Anonyme :

    Ma clairvoyance n'est pas bien grande. Ce qui m'étonne, c'est plutôt l'aveuglement des autres : au royaume des aveugles, les borgnes sont rois.

    Concernant l'instruction publique, la cause de l'aveuglement général est clairement identifiée, c'est l'étatisme.

    Le fait que l'ensemble du système éducatif français est presque totalement étatisé supprime ou diminue grandement les possibilités de comparaison entre organisations, entre pédagogies, entre programmes. Quand tout le monde coule, on met plus de temps à s'inquiéter de la noyade.

    Grâce à internet, je suis quelquefois les débats éducatifs aux USA, où l'enseignement est plus libre. Les propos y sont peut-être moins vifs qu'en France mais beaucoup plus étayés d'exemples et argumentés. Par exemple, il y a eu un débat pour savoir si la mixité ne défavorisait pas les garçons. En France, ce débat a affleuré mais a été vite étouffé : on a collé l'étiquette «réactionnaire» dessus et on est passé à autre chose.

    En France, nous avons un excellent point de comparaison pédagogique, non pas dans l'espace, mais dans le temps : plutôt que regarder dehors, nous pouvons regarder derrière.

    Il serait alors facile de s'apercevoir que le système éducatif français est dans un état catastrophique (1), non pas pour des raisons de «moyens» (c'est-à-dire de gros sous, en langage syndical), nous n'avons jamais autant dépensé pour l'éducation, fort mal il est vrai, mais pour des questions de pédagogie.

    Mais cette comparaison présente deux difficultés : ceux qui la pratiquent peuvent être accusés de passéisme, accusation injustifiée mais qui porte, en nos temps de progressisme ravageur, et les témoins du passé disparaissent petit à petit. Rachel Boutonnet raconte sa quête d'instituteurs octogénaires pour leur soutirer les secrets et petits trucs d'une pédagogie analytique réussie.

    A contrario, les jeunes professeurs arrivant aujourd'hui en activité ayant subi les méthodes "modernes", il y a égalisation dans la médiocrité.

    Je me souviens du scandale provoqué dans notre classe en 1988 par un professeur de mathématiques qui avait le malheur de parsemer ses cours de fautes d'orthographe (2). C'est de nos jours, d'après ce qu'on m'a dit (3), chose relativement courante ou, en tout cas, tolérée sans émoi particulier.

    (1) : il suffit de cotoyer de jeunes bacheliers comme je le fais de temps en temps pour s'apercevoir que le niveau baisse. Quand on vient ensuite me raconter que je n'ai rien compris, on se fout de moi. L'effort qu'on fait pour nier systématiquement ce que les gens perçoivent s'apparente à une méthode pour rendre fou.

    (2) : il était de ce fait la risée des élèves et y perdait beaucoup de son autorité. Lui même semblait en souffrir.

    (3) : je n'ai pas pu vérifier. Si un de mes sympathiques lecteurs avait des précisions dans un sens ou dans l'autre, j'en serais heureux.

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  5. « Des exercices de troisième à moitié ratés, cela ne se rapprocherait-il pas déjà un peu d'un niveau de fin de 5ème ? »
    Donc avoir le brevet en ayant à moitié faux à un examen de 5ème est pour vous un progrès. Je ne suis pas sûr que cela incite les élèves à travailler leur anglais après la 5ème, d’ailleurs on observe parfois une régression en langue après la 5ème au collège (pour info il s’agit de la validation d’items en cours d’année, et non d’un examen décisif où il faut avoir une note minimale éliminatoire).

    La réaction immédiate d’un parent d’élève à son enfant qui a 8 en anglais en fin de 5ème est de dire : il a 2 ans pour passer à 10 sur le même niveau. Cela tire les élèves vers le haut, c’est certain.
    Si l’on annonce que ce fameux niveau de fin de 3ème est attendu pour le BAC ce sera pris comme une chance supplémentaire également sans doute.
    Bien sûr, aucun moyen particulier n’est attribué pour cette annonce.

    « Bouclez-la, ou baissez le ton et proposez des solutions complètes et financées ! »
    Oh mais il y a plein d’idées pour un budget constant :
    - réorganisation des classes (diminution drastique des effectifs des ZEP en prenant des postes à dans les autres établissements quitte à augmenter légèrement les effectifs des autres classes).
    - seconde langue obligatoire que l’on peut discuter dans certaines ZEP, où le français et l’anglais sont déjà parfois illusoires.
    - heures de labo ou de première chaire à dégager, car pas justifiées et couteuses.
    - répartition horaires on ne peut plus discutable (4h d’EPS en 6ème pour 1h30 de sciences par exemple).
    - rationalisation des remplacements, pour améliorer la présence des profs devant les élèves.
    - mettre les agrégés à 18h (et je verrais bien les certifiés à 21h, sauf en ZEP).
    - des primes pour les instits et profs en ZEP (avec les économies réalisées) pour les inciter à y aller (et y rester).
    etc.
    Mais je vous rassure, tout ça c’est du blabla, d’ailleurs c’est refusé en bloc par les syndicats. Vous pensez, ils ont bien raison de lutter contre ces idées d’amélioration, d’aides pour les élèves en difficultés et de rationalisation des coûts. Mieux vaut demander plus de moyens, c’est plus réaliste et plus sûr.
    Et allons-y pour une dernier « dénigrement irresponsable de l'enseignement public français » : JAMAIS les profs ne lâcheront quoi que ce soit, même pour les élèves de ZEP. Leur « solidarité » corporatiste ne s’étendant pas jusqu’aux élèves.

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  6. L'idée qu'on dépense de plus en plus est fausse.

    -pour payer les personnels ? une baisse de pouvoir d'achat drastique depuis 10 ans et enfin reconnue cette année par tous, dans le cadre de la démagogie attrape-tout et décervelante des "caisses vides".

    -pour desserrer les effectifs en ZEP -une idée de 1981 moquée par les précédents ministres- ou ailleurs ? Ils augmentent comme une lente marée malgré l'hallali (que j'ai toujours connu depuis 30 ans) contre les options à faible effectif.

    Deux causes d'absorption de l'augmentation (légère) des crédits :

    -la désertification croissante du territoire qui fait qu'on maintient des écoles et collèges ruraux faute desquels elle s'accélérerait et on se retrouvernait tous agglutinés autour de quelques métropoles;

    -la demande croissante d'éducation des familles, qui conduit à un allongement spontané de la scolarité.

    Soyez attentif et vous remarquerez tous les discours où on monte en épingle des années de baisse des naissances pour dire qu'il entre moins d'élèves et fermer des postes, sans même poser la question de ce qui se passe du côté des sorties.

    Quant à la baisse du niveau, les pédagogues dignes de ce nom ne la nient pas, mais se refusent à la généraliser en aveugle. Il s'agit de la cerner finement (c'est-à-dire de voir aussi ce qui monte) et de proposer des remèdes précis.

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