mardi, octobre 31, 2006

Les marchands de peur

Voici un extrait du journal bien-pensant Le Monde :

Rapport Stern : le coût du réchauffement climatique

Le Royaume-Uni s'est porté en première ligne du combat contre le réchauffement climatique. Au service d'une politique qui se veut résolue, le rapport Stern, publié le 30 octobre, alerte sur les risques d'une récession économique "d'une ampleur catastrophique" que produirait le refus d'une action immédiate et planétaire contre l'effet de serre. L'originalité de ce document de plus de 600 pages, commandé en juillet 2005 par le chancelier de l'Echiquier, Gordon Brown, au chef du service économique du gouvernement britannique, Sir Nicholas Stern, est d'abord d'offrir la première évaluation chiffrée sur les retombées économiques du réchauffement en cas d'inaction.

Ca fout les jetons, n'est-ce pas ? Hé bien, rassurez vous, bonnes gens, c'est un tissu de conneries.

A l'examen, il apparaît que c'est une opération de propagande politique et non un travail scientifique pour deux raisons :

> Tout d'abord, c'est ouvertement une commande politique du gouvernement Blair aux abois.

> Ensuite, le chiffrage a été fait de manière farfelue ou, pour être gentil, très orientée. Peu importe que l'auteur se couvre de l'autorité de son ancienne position à la Banque Mondiale, son calcul ne passerait pas en terminale même avec le niveau lamentable des terminales contemporaines : sont considérées seulement les hypothèses les plus catastrophistes et toute capacité d'adaptation de l'humanité est niée.

Je rappelle pour mémoire que toutes les prédictions malthusiennes catastrophistes, celles du Club de Rome dans les années 70 par exemple, se sont toujours avérées fausses pour la simple raison qu'elles négligeaient les progrès techniques et les merveilleuses capacités d'adaptation de l'humanité. Je ne vois aucune raison pour qu'il en soit autrement pour les catastrophes annoncées à la mode en 2006, ou comme disait un ministre du pétrole saoudien : "De même que l'âge de pierre ne s'est pas arrêté par manque de silex, l'âge du pétrole ne finira pas par manque de pétrole."


Clairement, les gouvernements (et les olibrius qui lui doivent leur notoriété - voir photo) ont redécouvert ces dernières années l'outil politique puissant qu'est la peur et en font un usage immodéré. Deux courants principalement sont basés sur la peur :

> L'écologisme

> le "sécuritarisme" (vous me pardonnerez ce néologisme)

Inutile de demander à qui profite le crime : ces deux courants ont en commun d'accroitre le pouvoir des hommes de l'Etat (plus de lois, de contraintes, de réglements, de contrôles, d'impots). C'est même tout ce qui reste pour légitimer les hommes de l'Etat : en économie, ils sont discrédités (1) ; inefficaces dans le social (1) ; fauteurs de guerre à l'international (1).

Certes, on voit bien ce que tirent les hommes de l'Etat, leurs obligés, réels ou espérés, et leurs partisans, de ces modes, mais pourquoi le citoyen ordinaire qui a tout à y perdre, à commencer par sa liberté, s'y laisse-t'il si facilement assujettir ?

La première cause de cette soumission est évidemment la peur (la deuxième étant que l'amour de la liberté n'est pas universellement, voire majoritairement, partagé). La peur a toujours existé, mais aujourd'hui, au lieu d'être honteuse, elle est assumée, voire revendiquée (un écologiste est avant tout quelqu'un qui se définit par ses peurs). Bien sûr, c'est un des revers au fait d'avoir placé l'hédonisme au-dessus de tout : on n'apprend plus la relativité des choses, on n'apprend plus à maitriser ses désirs et à relativiser sa propre existence. La maitrise de la peur commence par essayer de dompter la peur fondamentale, la peur de la mort. Or, notre société occulte la mort.

La peur sauvage, indomptée, se fait hystérie, on n'est jamais assez bien protégé tant qu'on n'a pas compris que vivre est le risque principal et qu'on ne fait toujours que choisir entre les risques qui en découlent.

On entre alors dans l'irrationnel, ainsi du nucléaire.

Il est impossible de raisonner avec un opposant au nucléaire (je parle d'expérience). Le nucléaire a une histoire, on a du recul : même en comptant Hiroshima, Nagasaki et Tchernobyl, le nombre de victimes du nucléaire est tout fait minime. Pour fournir un point de comparaison, soixante-dix ans de nucléaire ont fait nettement moins de victimes, même en prenant large, dans le monde que l'automobile pendant six mois. On peut donc, en partant de cet historique plutôt rassurant, se dire qu'on saura inventer et mettre en oeuvre les mesures adéquates pour que l'usage du nucléaire demeure sûr.

On attaque en ce moment la dernière partie du cycle de vie d'une installation nucléaire qu'on ne connaissait pas encore : le démantèlement. Il apparaît que, pour une centrale électrique, le coût du démantèlement oscillerait en 10 % et 20 % du coût par kilowatt-heure produit.

Bref, on a des chiffres, des études, des statistiques. Bien loin d'être l'inconnu, le nucléaire est au contraire de mieux en mieux étudié, on cerne mieux ses risques et ses avantages. Mais, évidemment, ce n'est pas le débat rationnel et contradictoire que sous-entendent mes propos que réclament les anti-nucléaires. Sous le nom de débat public sur le nucléaire, ils réclament en réalité une arène, frappée du sceau démocratique légitimant, où leurs peurs puissent s'exprimer et elles seules.


Tout cela me rappelle un épisode de Chapeau melon et bottes de cuir (Ah ! Emma Peel ...) intitulé Les marchands de peur : de riches personnages faisaient l'objet de simulacres d'assassinats, de manière à les terrifier, après quoi on leur demandait une forte rançon afin que le simulacre ne devienne jamais réalité.

Je ne peux m'empêcher de penser aux écolos et "sécuritaires" (2) : on agite des peurs (les OGMs, le nucléaire, le réchauffement climatique, le terrorisme), puis on nous dit : "Si vous voulez éviter ça, il va falloir passer à la caisse. Tout d'abord voter pour nous, ensuite on vous en fera baver des ronds de chapeaux de taxes vertes, de véhicules "propres" hors de prix, de chaudières écolos, de vous rendre au boulot à vélo ou dans des bus bondés qui puent la sueur, des policiers à tous les coins de rue, et en plus, vous nous remercierez."

C'est encore mieux que l'épisode télévisé que j'évoquais. En effet, c'est minable de s'attaquer à quelques millionaires pour de l'argent. Mieux vaut s'attaquer à la population entière pour de l'argent ET du pouvoir. Pourquoi limiter ses ambitions en matière de pourrissement de la vie d'autrui ?

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Bonus : pour ceux que ça intéresse, vous trouverez une critique en règle (et Anglias) du film d'Al Gore :

Al Gore's An Inconvenient Truth: One-sided, Misleading, Exaggerated, Speculative, Wrong

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(1) : il n'y a qu'en France qu'on ne s'en est pas encore aperçu

(2) quoique les menaces terroristes et banlieusardes me semblent nettement plus réelles que les menaces écologistes, le fait que la solution préconisée soit toujours de restreindre nos libertés et d'augmenter les effectifs policiers me semble hautement suspect.

2 commentaires:

  1. Bonne analyse il me semble ... Mais que vient faire Emma Peel (bien mignonne au passage) dans le schmilblick ??? J'ai peut être la réponse :

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    L'essai nucléaire nord-coréen a fait exploser les ventes de préservatifs

    SEOUL (AFP) - L'essai nucléaire auquel a procédé le 9 octobre la Corée du Nord a fait exploser les ventes de préservatifs dans sa voisine du Sud, tout comme les réservations dans les "love hotels", a indiqué jeudi la presse locale.

    Les drugstores ont observé une hausse de 28% des préservatifs dans la semaine qui a suivi l'explosion de la première bombe atomique, indique le quotidien Chuson. La chaîne de magasins Family Mart en vend 1.930 par jour depuis le 9 octobre, contre 1.508 en moyenne auparavant, ajoute le journal.

    Les réservations dans les hôtels où l'on paye à l'heure ont également nettement augmentées, poursuit le quotidien.

    Selon les experts, la crainte suscitée par la possibilité d'une guerre nucléaire a poussé les Coréens du Sud à chercher une consolation dans le sexe.

    "Le souhait de rompre avec la vie quotidienne semble s'être accru en réaction aux vives craintes suscitées par le développement nucléaire de la Corée du Nord", a expliqué au Chuson le professeur Lee Yoon-hode, de l'Université Dongkuk de Séoul.

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    a+

    ;)

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  2. Salut Boizard,
    Ici, un bon article "anti-réchauffisme", mais plutôt dans sa dimension sociale ... pour changer :)
    http://www.ublog.com/Fulcanelli/note/1051

    a+

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