mardi, février 28, 2006

Les dinosaures à Kyoto (3)

Poussé par DoMP et quelques autres, j'ai entrepris de lire Etat d'urgence, le roman de Michael Crichton sur le réchauffement climatique (ou le non-réchauffement).

Je vous en ferai une critique complète ultérieurement.

Comme seule la partie argumentative et documentée m'intéresse, j'ai commencé par la fin. Je ne suis pas surpris de retrouver (mais avec des chiffres cette fois, pour les amateurs !) les idées dont je vous ai fait part.

1) Y a-t-il un réchauffement climatique ? Oui, depuis 1890, mais plus les données sont fiables, moins le réchauffement mesuré est important.

2) Est-il du à l'homme ? Peut-être, mais on ne sait pas vraiment, car on ne connaît pas le mécanisme. Par exemple, le taux de CO2 augmente régulièrement sur la période considérée (depuis 1890), cela soulève deux problèmes si on regarde l'enchaînement diffusé dans le public
homme => CO2 => effet de serre => réchauffement :

> l'activité industrielle de la fin du XIXème siécle, plus faible qu'aujourd'hui, peine à expliquer l'augmentation du Co2

> la température a baissé ou est restée stable entre 1940 et 1970 alors que le taux de CO2 continuait à augmenter

3) Que faire ? Continuer à chercher car, ignorants du mécanisme, nous le sommes encore plus des conséquences.

Crichton propose une sorte de moratoire de dix ans sur les mesures couteuses, dix années pendant lesquelles on mettrait à l'épreuve les prédictions des climatologues avant d'engager des crédits.

Je vais même plus loin : l'ONU pourrait proposer qu'au 31 décembre 2008 soient déposées les projections de prévisions climatiques pour 2009-2014 avec un prix élevé (1 Md $ ?) pour le labo qui aura fait la meilleure prédiction. Résultat en 2014. Ce délai n'est rien à l'échelle des phénomènes en cause et permttrait de décider de manière plus éclairée.

Si les climatologues sont sérieux, ils ne peuvent refuser ce défi.

Enfin, Crichton fait deux remarques qui méritent réflexion :

1) un parallèle avec l'eugénisme. L'eugénisme en son temps était largement admis, ou au moins toléré, par la communauté scientifique, c'était l'opinion majoritaire, les opposants étaient mal considérés par le monde universitaire et disposaient de peu de crédits, des organismes importants s'y intéressaient, le grand public en connaissait les idées et les politiques appelaient à prendre des mesures en conséquence ou les ont prises. Nous avons préféré oublier. Science et politique ne font pas bon ménage. Comparaison n'est pas raison, mais ça devrait inciter à une certaine modération.

2) Les opposants scientifiques à la théorie du réchauffement climatique fait de main d'homme sont surtout des retraités, ce qui peut s'interpréter de deux façons :

a) Seuls les vieux gateux n'y croient pas

b) Le sujet est tellement tabou que seuls les retraités, à l'abri de se voir couper les crédits pour cause d'hérésie, peuvent s'exprimer librement. L'histoire des sciences montre assez que les savants ne sont pas plus que les autres hommes à l'abri des phénomènes de conformisme et d'adhésion à l'esprit de groupe.

Suite avec la critique complète.

1 commentaire:

  1. Tout cela est bien intéressant.
    Il se trouve que le Science & Vie de Février 2006 comportait un dossier sur le climat. Il est peut-être encore en kiosque, d'ailleurs. Je n'ai pas encore pris le temps de le lire, mais, l'ayant rapidement parcouru, je peux vous dire qu'il suit la tendance générale sur ce sujet.
    Or, dans le numéro suivant, que je viens de recevoir, un lecteur critique justement le magazine pour avoir penché trop facilement du côté de ladite tendance. Extraits :
    Je suis en total désaccord concernant votre dossier sur "le climat, l'équilibre est rompu". C'est orienté et manipulateur : Vous jouez sur les mots; avec les mêmes informations, le doute pourrait solidement être développé! (…) Dans le même esprit, traiter Crichton avec autant d'inexactitude sur ce qu'il a écrit par ailleurs et avec autant de fiel sur le débat qu'il suscite à partir de son dernier livre est affligeant (…) Si Crichton a un peu raison, alors votre "ligne" éditoriale est irrémédiablement ringarde et suiviste…
    A cela, Science et vie répond : (extraits de nouveau)
    (…) Ce dossier reflète point de vue de l'écrasante majorité de la communauté scientifique. (…) La thèse irrationnelle du complot passe d'ailleurs sous silence le fait que tout chercheur réussissant à briser le consensus par ses résultats en tirerait une notoriété et des avantages matériels énormes. Pour ce qui nous concerne, notre sentiment est de faire précisément ce que nos lecteurs attendent de nous en allant interroger les scientifiques (plutôt que les politiques, les industriels, ou les auteurs de science-fiction) sur l'état actuel de leurs connaissances et la nature de leurs doutes.(…)
    Si l'auteur [Crichton] se contentait d'affirmer "qu'on sait bien peu de choses et qu'il y a beaucoup de manipulations partout", comme vous le résumez, personne n'y trouverait rien à redire, et sûrement pas Science & Vie. Mais Crichton -qui pour des raisons qui lui appartiennent n'a pas voulu répondre à nos questions- va bien plus loin : il nie, entre autres, tout caractère scientifique à la modélisation climatique, hasarde le pronostic d'un réchauffement de 0,8°C dans 50 ans (chiffre qu'il a ramené à 0,5 dans une récente interview, on ignore pourquoi!), et accuse la communauté scientifique d'être aveuglée, plus ou moins consciemment, par des intérêts corporatistes. (…)
    Pour ce qui nous concerne, nous nous plaçons effectivement dans la perspective où les quelques milliers de scientifiques qui participent aux travaux du GIEC ont davantage de chances d'apporter des réponses étayées aux différentes questions liées à l'évolution du climat terrestre qu'un auteur de fiction aux qualités littéraires que nous nous sommes bien gardés de juger.

    Faut pas les fâcher, chez Science & Vie :)
    N'ayant pas encore lu ce dossier, je ne peux en dire plus pour l'instant, et me contente de plagiat manifeste. J'attends cependant avec impatiente votre compte-rendu de lecture afin de juger sur pièce, ou presque. J'ai en revanche lu l'article sur Crichton, et je dois admettre qu'il est très agressif, et que dans un encart, on sent l'anti-américanisme, voire l'anti-libéralisme pointer. Tout ceci étant soumis à droits d'auteurs, je ne peux me permettre de mettre à disposition. Lire pages 116 à 120 du Science & Vie de Février pour l'article sur Crichton.
    En tout état de cause, bonne lecture!

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