mercredi, février 02, 2005

Albert Londres à la lumière d'Edwy Plenel (ou l'inverse)

Avant-hier soir passait sur France 3 un téléfilm, avec Antoine de Caunes en Albert Londres, inspiré de la série de reportages de ce dernier sur le bagne "Dante n'avait rien vu".

Je me demandais pourquoi j'ai tant d'estime pour Londres, alors qu'Edwy Plenel, qui le cite assez souvent et s'en réclame plus ou moins ouvertement, m'insupporte.

La comparaison est instructive :

Londres ne se cachait pas de vouloir influencer le gouvernement par l'intermédiaire de l'opinion. Plenel est plus chattemite, une patte en avant et une toujours sur le recul, toujours à faire la leçon au monde entier mais prêt à se replier derrière son "humble" condition de journaliste.

Et, surtout, il y a l'humour, la dérision, l'ironie de Londres : c'est ce qui permet la mise à distance et en même temps d'humaniser, de ne pas apparaître comme un justicier, comme un froid moraliste et simultanément de se situer à hauteur d'homme. Cet humour est peut-être ce qui manque le plus au journalisme de presse français actuel.

Je vois déjà la moue dubitative des professionnels : encore une idée d'amateur.

Mais, cela me navre de rappeler cette vérité, les idées des professionnels ne semblent pas à ce point efficaces ces derniers temps qu'il soit possible de mépriser les avis, même d'amateur.

La télévision est un adversaire redoutable pour la presse écrite : non seulement elle apporte l'information sous une forme pré-digérée, genre bouillie pour bébé : l'image, mais en plus elle établit une (fausse) relation de proximité avec le présenateur.

Je crois que la presse écrite ne doit pas essayer de rivaliser avec la télé en matière de "déjà pensé, prêt à absorber", au contraire, c'est son terrain que de donner à réfléchir. Par contre, l'humour, un ton vif, alerte et modeste (1) serait le bienvenu.

Un collègue me disait souvent que le sérieux est la qualité des incompétents, voulant signifier qu'on est sérieux par défaut, quand on n'a pas d'autre qualité à faire valoir.

Le ton compassé des journaux "sérieux", cette manière rigoriste d'écrire "le petit chat est mort", est assez pénible.

L'humour, il y a des encadrés pour ça, avec un gros titre "Humour" ou "La chronique d'Achille Zavata" pour qu'on ne se trompe pas. C'est dommage.

(1) : puisque l'humour consiste avant tout à se moquer de soi même

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire